jeudi 13 août 2015

La réalité du Mirage

J'ai mal au coeur, comme une envie de vomir. Pis lui dans ma poitrine, ce coeur-là, il est crispé. Je sors du cinéma, j'ai été voir le Mirage de Louis Morissette avec mon chum. Je l'ai traîné là de par un après-midi de nos deux seules petites semaines de vacances estivales bien méritées. Ben quoi, on trime dur, on baigne en pleine routine suintante 50 autres semaines par année, on peut bien avoir un petit moment de répit...
Putain que c'est trop peu, 2 semaines. À bout de souffle, on y arrive à peine en vie. Et là, on veut se reposer, on veut s'amuser, on veut triper, on veut voyager, on veut sortir, mais on n'y arrive pas. On veut tout faire, mais on a la langue à terre, même en vacances. Ça marche pas la patente, ça marche pas pour moi en tout cas.

C'est peut-être pour ça que le film Le Mirage m'a donné la nausée. La nausée, dans le bon sens du terme, parce que le film est extrêmement efficace. Il nous ramène à notre vie essoufflante parfois tellement déprimante. Je n'avais lu aucune critique avant de m'y rendre, juste écouté des amis me raconter l'Effet que ça a eu sur eux. Je savais que j'allais mangé un coup de poing, il ne m'a pas mis chaos, mais il m'a ébranlé. J'ai reconnu la vie de certaines de mes amies, de collègues, de membres de ma famille. Je nous ai reconnus aussi, bien malheureusement, mon chum, mon fils et moi à certains égards. À mon grand désarrois, je me rends bien compte que je suis tellement prise dans un système de merde qui me rend malade et qui me tue à petits feux. J'en suis consciente, mais je continue. Comme une criss de folle à m'ensevelir dans une société truffée de mal-être.

Bizarrement, tout le monde va dire que ce n'est pas chez eux que ça se passe, c'est toujours tout feu tout flammes chez soi.

"Ben non eille mon chum ne regarde pas les autres filles, il m'aiiiiiiiime!"

Voyons vous autres, réveillez-vous, TOUS les gars regardent les autres filles, TOUS les gars regardent les seins et les fesses des autres nanas et même ceux de vos meilleures amies. TOUS les gars se masturbent, même s'ils vous disent que vous leur suffisez largement.
Quelques extrapolations ici et là au cours du film, je parle ici des visions de laveuses de char à Lupien, mais dans l'ensemble le discours et les scènes sont justes. Les regards, les dires, les pensées, les expressions, c'est pour ça qu'on ramène ce film-là dans notre salon.

"J'ai pas le moyen de me payer ça un burnout", outch!

Combien de gens n'en peuvent plus, auraient besoin de se reposer, de faire le vide ou le plein, de boire à même la vie qu'ils veulent vraiment, mais qui a disparue avec les années sous la poussière de l'abrutissante routine qui nous gruge. Je suis devenue une automate grandement malade. Comme toi, oui comme toi qui me lis et lui. Lupien.
Le 3/4 du monde qui m'entourent sont en burnout ou sur le point d'en faire un, mais personne ne s'arrête, tout le monde continue à croire que c'est dans l'accumulation de biens matériels (grosses bagnoles, grosses maisons, grosse tv) que "la vraie vie" existe. L'histoire de l'extracteur à jus peut sembler poussée, mais elle est bien réaliste. Encore mieux, "la mijoteuse qui mijote depuis trois ans dans l'armoire". La piscine, le sauna, le feu de foyer, la grosse casa, le chalet pis quoi encore?! Et entre deux cours de soccer, une poignée d'antidépresseurs.

Le travail scénaristique de Morissette est juste et franchement bon. Ses textes, tellement honnêtes, parce qu'il fait parler ses acteurs comme du vrai monde. Les plans-séquences et la trame sonore de Ricardo Trogi sont poignants. Fake Plastic Trees de Radiohead fesse en pleine poitrine. J'ai senti la rivière couler dans mes yeux. Kids de MGMT tape dans l'oreille comme une paire de fausses boules dans l'oeil. Bien choisi.

Au final, le film est comme une auto tamponneuse qui te pète en plein visage. Un cocktail de thèmes explosifs, mais bien brassé. Car il faut une sacrée bonne écriture pour réussir à frapper autant de monde droit au coeur ou... en pleine face.

Quand tu vas voir un film et qu'il te procure un haut-le-coeur sur ta propre vie éreintante et insuffisante, pose-toi certaines questions. C'est peut-être qu'il serait temps de remettre le compteur à zéro ou, encore mieux, de lever le pied du champignon avant de disjoncter.

Maintenant, Louis et Ricardo, expliquez-nous juste comment faire?!!!


lundi 10 août 2015

Une côte fêlée et des "tites" patates desséchées!

Quel titre me direz-vous! Voilà mon début de vacances 2015 : une côte fêlée et des "tites" patates desséchées. 

Mais il n'y a pas que ça.

Les derniers mois ont été arides côté santé, on en a mangé toute une comme on dit. Bronchite, sinusite, otite, pneumonie, laryngite, pharyngite, rhume, migraines... 
À force de tousser mes entrailles, je me suis fêlée une côte il y a quelques jours, faut le faire.

Ma face figée par une rhinosinusite, on dirait que j'ai 150 ans. On peut me confondre à la plus vieille Japonaise au monde. Les yeux dans graisse de bines, j'ai de la misère à respirer, je râle, je marche le dos rond, mais je veux passer de belles vacances, bon! 

Les derniers mois ont été ombrageux côté boulot aussi, je commence à peine à revivre. Et là arrive nos deux grosses et longues semaines de vacances estivales (sarcasme) après la venue de belle-maman tchèque pendant 2 semaines. 

Anecdote au passage!!!

Babička : Karinko, voilà jo té achoté un legjeans. 

Moi : Visage sans émotion, l'air baba. Ah merci!

Babička : Tu verras cé pour affffffiner les couiiiisses.

Moi : Ahhhh ok, mais c'est du Small/Médium ça ne me fera pas.

Babička : Oui, oui c'est un pantalon pour groooosssses, comme toi.

Moi sidérée : ... 

Bref, la vie continue. Oui, j'ai de belles grosses cuisses, mais je m'assume. Elles ballotent au rythme de ma démarche, c'est pas beau ça. Une arme à destruction massive si j'ai à faire la prise du cobra qui tousse. On a tous des secrets bien cachés.

Y'a pas à dire, mon chum et moi avons besoin de nous retrouver, de nous reposer. C'est bien mérité. 

Jour 1 : Nous avons envie d'aller déjeuner au restaurant que tous les deux, comme avant. Avant l'arrivée de notre petit chou. Direction Oeuf et Boeuf sur Masson. Le ciel oscille entre le bleu et le gris, voulant nous faire savoir qu'il est indécis. Grisaille à l'horizon, juste pour dire qu'on ne pourra pas se faire bronzer aujourd'hui, ni demain, ni après-demain, ni après-après demain, ni jeudi, ni vendredi, car croyez-le ou non, on annonce de la flotte pendant notre première semaine de vacances. Question d'arroser cette semaine tant attendue comme il se doit. Pas au champagne, mais bien avec de la pluie acide! Yé.

Oeuf et Boeuf bonjour. Le serveur me donne envie de rebrousser chemin dès mon entrée. Il n'a pas l'air "propre". On dirait qu'il s'est trempé la crinière dans l'huile à frire. Sa face mériterait une exfoliation puissante. Ok go, on franchit le pas. Nous sommes seuls avec une famille de Vietnamiens nombreuse.

Moi : Bénédictine de l'atlantique svp, oeufs pochés durs!!

Lui : Pochés durs!?

Moi : Oui, pochés durs.

Mon chum : Le bon, la brute et le gourmand pour moi!

Lui : Le bon, la brute et le gourmand?!

Nous : OUI!!! (coudonc yé tu sourd?!)

En attendant les assiettes, je fly aux toilettes. 10 minutes à gosser après la poignée pour barrer la porte. Elle ne veut rien savoir. 

"Vais-je devoir pisser la porte débarrée?! Et me faire surprendre par le père Vietnamien des 10 enfants assis dans le resto??"

J'y arrive après y avoir mis une pointe de violence. Ensuite, je viens pour faire partir les toilettes, elles ne partent pas, bien sûr. La chasse dans le beurre, un bruit incessant dans le réservoir. Je sors mes talents de plombière. Ouvre le réservoir, tente de réparer la chaîne, un tuyau en vieux plastique jauni r'vole du réservoir, et un jet d'eau me gicle dans la face.

JOIE. 

Je réussis tant bien que mal à réparer le tout. 

Ça va faire 50 piasses svp!!! 

Je me lave les mains pendant 10 minutes et la face incessamment. 

Les assiettes sont arrivées. On a faim.

J'élance mon couteau vers le bénédictine remplit d'un trop grand nombre d'oignons rouges pour finalement coupé du jus de jaune d'oeuf PAS poché dur.

Mon chum mange et termine son assiette avant moi. Je suis là, sans assiette, à le regarder manger et à entendre mon estomac gazouiller. 

Mon assiette arrive. Mon chum a terminé. Les oeufs SONT pochés durs. Le reste de la bouffe est glacial. J'ai l'impression de manger dehors dans le Grand Nord. Le pain pas cuit, des oignons à profusion et des tites patates décharnées. Elles semblent avoir rendu l'âme, l'air de dire : nous avons assez souffert, nous ne voulons pas être mangé, laissez-nous mourir en paix. J'ai exaucé leur voeu. Elles sont mortes dans mon assiette sous un drapeau rouge de ketchup.

J'ai mangé mes deux oeufs pochés dur. Le reste est décédé dans la Hollandaise. 

Un début de vacances comme on les aime. 

Le soleil n'a pas jeté les gants. Sur le chemin du retour, je le regarde se battre sur l'arène d'un ciel qui tergiverse. Je garde espoir que ma semaine sera belle, grande et divertissante. Y'annonce 4 jours de pluie en ligne, c'est dont ben pas grave... Ma côte fêlée fait dire qu'elle s'en fiche et qu'il y a plein d'activités à faire même s'il pleut. Comme écrire. Comme dormir. Comme se coller sur son amoureux. Comme aller au cinéma. Comme lire. Comme "pleurer dans la pluie" nous dira Mario Pelchat.

Tsé, c'était juste un déjeuner poche, comme dans pochés dur

Je me souhaite de belles vacances et de me reposer sous un ciel un tant soit peu ensoleillé :)