C’est parti, la carriole est pleine. Dame nature annonce une température
digne des grands froids. Qu’à cela ne tienne, je mise positif. Ma valise est
pleine de maillots, pour la plupart trop petits, mais ce n’est pas grave, car
là où il y a de la gêne y’a pas de plaisir.
Météomédia
nous dit clairement ceci :
Jour 1 - Pluie
Jour 2 - Pluie
Jour 3 - Pluie
Jour 4 - Pluie
Mon conjoint me rassure, il fera beau pour nous. Oui il fera beau.
Et c’est parti. Je porte la casquette, j’envoie des signes à mère Nature,
je veux un coup de soleil sur le chou! Je veux que le soleil blondisse ma brune
chevelure. Oui, je le veux.
Une pluie fine valse sur notre pare-brise. Bof, après la pluie vient le
beau temps. Notre fils n’attend qu’une seule chose, faire du canot.
« Oui mon chou, on va en faire, ne t’inquiète pas! »
Belle-maman derrière, coincée entre une boîte d’épicerie et un paquet de
pull-up ne désire qu’une chose, se lancer en bikini dans le lac et nager jusqu’à
plus de souffle. Elle adore la baignade.
Mon chum, lui, bougonne. Un vrai Français, hormis le sang qui lui coule
dans les veines. Il aurait fait beau qu’il aurait trouvé le tour de grincher.
On s’habitue. Il ne veut absolument pas manquer un match de l’euro. C’est
crucial.
Moi, j’essaie de voir ce que l’on pourra créer comme divertissements s’il
pleut comme vache qui pisse toute la fin de semaine.
- Casse-tête : rien de plus ennuyant
- Regarder LE poste de télé : woin
- Danser en famille pour s’autofairecroirequ’onadufun : Non!
- Cuisiner : Vive les chaudrons!
- Dormir : Pas possible avec notre enfant
…
Bon on verra.
Mon chum m’assure que Météomédia se trompe tout le temps et qu’il fera
beau.
Pour l’instant, les wippers se font aller au max.
Et c’est parti.
On décharge les bagages sous le déluge en sacrant.
Mon fils se scrap les deux genoux en
glissant sur les cailloux. Je lui chante Y'a d'la joie et du soleil dans les ruelles Y'a
d'la joie partout y a d'la joie de Trenet. J’essaie d’y croire un peu.
Je fouille également sur le fessier et dévale la
pente avec une boîte d’épicerie dans les mains. Y'a d'la joie bonjour bonjour les
hirondelles Y'a d'la joie dans le ciel par-dessus le toit ostie! Y’A DE LA
JOIE!
Et c’est là qu’on entre au chalet, un trésor
magnifique que nous louons depuis 3 ans. Spatieux, confortable, propre et accueillant.
On se sent comme chez nous. On est loin du camping sauvage là. Canot, pédalo,
un lac plus propre que nul autre ailleurs au Québec, … ce chalet est entretenu
avec amour par des gens merveilleux.
Je commence à croire qu’on aura un weekend fabuleux
sous un ciel ardent.
On s’installe. J’ai oublié la moitié des affaires,
mais bon ce n’est pas grave, on est en vacances pour 4 jours. On reste calme.
Les portes patio sont sur le point d’éclater
tellement il pleut. On garde le sourire. Je vais popoter pendant que les autres
matent une chaîne de télé-achats en anglais. Yé! Maudit qu’on va avoir du fun.
La pluie s’est arrêtée pendant la nuit. J’ai même
pensé aller faire une ride de canot vers 2 h du matin, ben quoi!???!!!!!
Le lendemain, Dieu ne fit pas pleuvoir du pain,
mais des orages.
On décide de tenter le tout pour le tout, d’agacer
la foudre et de se pitcher en cœur dans
le spa. Oui, mon chum, mon fils et belle-maman! Coincée entre nous. Que du
plaisir. Que de romantisme. Je jubile. Ça ferait une belle photo tout ça. À
mourir de rire. J’affiche mon plus beau sourire et évoque en silence une prière
pour faire venir le soleil.
Il ne viendra jamais…
Nous avons passé le weekend à se regarder dans le
blanc des yeux et à manger. J’ai cuisiné comme s’il n’y avait pas de lendemain,
ce fut mon activité préférée des 4 jours au chalet.
Mon fils a refouillé sur une marche à l’intérieur et
s’est pété le coin de la tête. Pour arrêter de pleurer, mon chum a flanché à
son caprice et lui a fait toucher un coq qu’il désirait prendre depuis le début
du séjour. Planqué dans une armoire vitrée qui disait sans le dire
vraiment : NE PAS TOUCHER.
Et ce qui devait arriver arriva…
Cocorico PAF! Mon fils a cassé le coq… CALVAIRE!
Non, nous n’avons pas cédé à l’amertume et aux
regrets, ma belle-mère a fait un plongeon plané du ponton dans le lac glacial.
Y paraît que c’est bon pour son cœur et sa peau. Mon chum aussi, mais lui a
failli faire une crise de tachycardie en rejaillissant de l’eau.
Pour ma part, je me suis étendue à quelques
reprises sur le ponton, entre deux renversements d’eau. J’ai pris le temps d’humer
cet air frais et rafraîchissant. J’ai pris le temps aussi de regarder le ciel
et de lui piquer une jase. Il avait décidé de faire le bougon tout le weekend.
Il n’avait pas envie de laisser sa place au soleil. Peut-être était-il trop
triste et avait choisi de faire couler toute sa peine. Ça nous arrive à tous.
Mon fils a tripé des bulles en lançant au bas mot
mille roches dans l’eau.
« R’garde maman, la roche est allée loin loin
loin loin loin!! »
« Bravo, tu es vraiment fort mon amour! »
Heureux avec sa petite pelle à la main, il a tracé
des chemins dans le sable pour les poissons J
Le regarder m’a suffi à apprécier ce weekend
nuageux, les pieds dans la flaque.
Quoi qu’il en soit, nous sommes revenus au bercail blancs comme un cul de skin. Enrhumés et
fatigués, mais… y’avait de l’amour dans l’air. Martine St-Clair n’était pas là
pour nous pousser la note, certes, mais on était ensemble et c’est ce qui
compte.