Et puis les jours filèrent à la vitesse d'une météorite. Les pleurs avaient fait place aux larges sourires, mon coeur devint plus léger au fil du temps et mes yeux lumineux. Je savais mon fils en protection, que lorsque je le déposais à la garderie le matin, il se sentait comme chez lui. Là-bas, il est passé des gazouillis aux premiers balbutiements. Et il y a eu le baragouinage des premières syllabes et la jasette des premiers mots. Puis les petits petons ont marché, couru et finalement tu as tourné les talons à la garderie.
Tu es parti en souriant, sans pleurer cette fois-ci. En remerciant ton éducatrice pour tout, en lui offrant le plus beau des câlins.
Une page se tournait. Une autre.
Désormais, j'allais devoir dire au revoir encore une fois à mon petit bonhomme, qui s'adonnera à l'univers de l'école. Mon fils quittera le monde des bébés pour de bon. Je veux pas que ça se termine moi, la période des câlins-bisous, je veux pas te voir grandir et devenir plus grand que moi, je ne veux pas que tes petites mains frêles deviennent fortes et robustes. J'aimerais que tu restes éternellement mon petit coeur adoré et que je sois toujours au premier rang dans ta vie.
Mais c'est comme ça. Il y aura tout plein de premières fois, oui comme cette première journée du primaire où tu m'as tenu la main si fort. Tes yeux ne pleuraient pas, mais j'y voyais beaucoup d'angoisse. Je décelais en toi cette peur qui m'habitait aussi. L'inconnu. Au fond de moi, j'avais une putain de trouille que je ne voulais pas laisser transparaître. Ce jour-là, de première maternelle, j'étais ton roc et je sais que je le serai encore pour plein d'autres étapes de ta vie.
Je t'ai souhaité une bonne journée mon coeur. Tes petites mains agrippées au grillage, ne voulant pas que je te quitte encore une fois, m'ont refait vivre ton premier jour à la garderie. Je ravalais mes larmes. J'ai dû partir pour te laisser affronter cette nouvelle route. Plus tard, tu comprendras qu'il fallait que j'agisse ainsi.
Le fait que tu me demandes une bonne dizaine de fois si j'allais revenir te chercher dénotait que toi aussi, dans ta jeune tête, tu te posais mille et une questions. Je te confiais à un autre monde, celui des enfants naifs, sensibles, méchants, allumés, dégourdis, particuliers, intelligents. Je te livrais au monde de l'enseignement qui je l'espère saura t'enseigner l'honnêteté, la droiture, le respect, l'authenticité...
Tu sais parce que oui, tu es authentique Milàn. Du haut de tes quelques pommes, avec tes yeux verts en amandes vifs et intelligents, je sais que tu sauras faire ton petit bonhomme de chemin. Tu es ma plus grande fierté et celle de ton père aussi. Quand on te voit nous envoyer la main, debout dans le rang, à nous sourire à la fois inquiet et confiant, je reste craintive, mais assurée que tout ira bien. Parce que je vais te donner tout l'amour possible qui puisse t'aider à grandir magnifiquement, parce que je vais te border encore tous les soirs jusqu'à temps que tu en aies marre, parce que je vais te tenir la main tant et aussi longtemps que tu le voudras. Parce que Milan, je serai là pour toi à chaque instant de ta vie et ce, même lorsque tu feras dans les 6 pieds et que tu seras à ton tour papa. Parce que mon fils, je connais ta valeur et que je connais la mienne et qu'ensemble, on franchira une à une les étapes la tête bien haute et le corps bien droit. Et parce que je t'aime mon enfant... tout simplement.