mardi 25 novembre 2014

1 an et demi

Presque toutes tes dents, ton sourire est de plus en plus large et charmant, tu as eu un an et demi.

Déjà qu'on était connectés quand tu étais dans ma bedaine, imagine maintenant. Tes yeux dans les miens, on peut partir à rire pour un rien. Ton énergie est communicative, dès que je te vois, mes égarements ténébreux disparaissent. Je suis là, juste là, avec toi et on profite ensemble du moment présent.

Tu n'es pas plus haut que 3 pommes et déjà tu mènes le bal. Tu squeezes nos coeurs, tu peux tout casser sur ton passage qu'on te pardonne, tu écourtes nos nuits depuis ta naissance et on réussit quand même à faire nos journées parce qu'on veut que tout soit au top pour toi. J'ai déjà dû recevoir 1000 coups de poings en pleine face et combien de coups de pied, je ne t'en veux pas pour autant.

Te suivre nous essouffle, tu cours partout et tu n'arrêtes pas deux minutes. Infatigable. Ma batterie de cuisine est toute pokée. Tu parles au téléphone des minutes durant avec tous les objets de la maison, tu ramasses déjà tes jouets, tu passes l'aspirateur en prenant soin de le passer sous les bureaux, tu ramasses les papiers par terre et tu vas les porter à la poubelle, tu essuies ta table à manger avec une lingette, tu mets mes pantoufles, tu me donnes mes bottes en partant. Tu enfiles ta tuque et ton manteau, prêt à partir... Tu prends les clés et tu essais de les enfiler dans la serrure, tu te laves déjà les cheveux seul, tu manges ta soupe à la cuillère en graissant la cuisine au complet, tu viens me porter mes lunettes le matin pour que je vois clair...
Pour me réveiller, tu me donnes plusieurs bisous et tu lèves les couvertures. On se serre dans nos bras, on se prend la main, on danse des slows et on se fait aller la tête sur du métal. On danse même le rock and roll ensemble. Et encore bien plus.

À 1 an et demi, je ne pensais pas que déjà j'allais vivre avec un petit adulte si curieux, intelligent, attentif et aussi adorable. J'avoue que parfois, j'aimerais ça que tu dormes plus longtemps, que tu cries moins, que tu sois moins BOUM BANG BAM BAM BING PAF POUF CLAC PIF mais on t'aime comme ça. Tu vas en déplacer de l'air, tu vas être aimé encore plus de jour en jour parce que déjà tu fais fondre les coeurs partout sur ton passage. Les expressions de ton visage sont hilarantes, ton regard fâché, ta moue interrogative, ton minois surpris, ta petite face peinée, crime que je t'aime.

Je te regarde aller, tes petites fesses qui ballottent dans leur couche de gauche à droite. Tu te caches dans tous les racoins pour jouer à la cachette. Tu tombes souvent, tu te relèves la tête haute. Tu me fais rire. Tu me fais du bien. Tu me réconfortes même si tu ne le sais pas encore. Tu enjolives mes jours. Je m'ennuie de toi la nuit et quand tu vas à la garderie. T'as qu'un an et demi et je suis folle de toi, imagine si ça continue d'augmenter ce sentiment là :)

Mon bébé d'amour, tu m'épates tous les jours. Et quand tu cries WOW à tout ce que tu vois, ça me procure un regard nouveau sur la mienne de vie. Merci!






jeudi 20 novembre 2014

Alimenter le noir

Singulier matin. La routine d'automates qui démarre. Les bottes aux pieds, 322e jour de l'année, Macha affronte la première neige avant d'entrer dans l'autobus des singeux. Prête pour une journée de travail qui ressemble à toutes les autres. Fixer son ordinateur et exécuter à la demande.

Séparée depuis quelques mois, retour à une dure réalité que d'être seule à payer les comptes. À se faire à manger seule. À faire des brassées au niveau small. À laver un verre et un bol. Désormais, 6 oeufs au lieu de 12. Elle en perdra 3 sur les 6. JF avait claqué la porte, écoeuré de voir Macha s'adonner à ses cachets comme un enfant dans une bonbonnière. Il en avait ras-le-bol de sa dépendance au noir.

Macha sirote son café noir la tête ailleurs. Pensant à ce qu'elle aurait pu devenir, croyant qu'il est trop tard pour partir à une autre guerre. "40 ans ma vie est foutue"! Les pilules pour l'anxiété ne suffisent plus, elle s'adonne gaiment à prendre des antidépresseurs et des somnifères. Geler ses pensées la rend heureuse le temps d'un éphémère. Sa chemise noire transparente laisse présager un battement de coeur irrégulier. La peur rend intrépides les veines de son cou.

Macha alimente le noir dans tout ce qu'elle fait. Dès qu'elle revient à la réalité, elle veut rapidement s'en échapper, de peur d'être trop longtemps pogné avec elle-même. Un grain de sable = une montagne.

Il y a eu ceux de Beaudelaire et maintenant ceux de Macha. Inconcevable de partir à la trotte sans avoir quelques pots dans son sac à mains. Un tranquillisant tranquillise les démons. Une fausse croyance que Macha alimente toujours.

Croire que les démons se taisent l'espace d'une gélule. Ils sont juste endormis pour mieux se réveiller et devenir de plus en plus insidieux. Tout le monde lui dit. "Macha merde, arrête ça. Respire juste doucement, aligne tes sens, crois en toi!"

Un autre dossier d'un ennui bureaucratique à faire. Un dossier de beige usé. Rien de surprenant, tout dans la vie de Macha est noir. Même le blanc est cassé.

C'est pourtant pas sorcier être heureuse Macha, lui disait JF depuis quelques années. Regarde autour de toi combien il y a de petits bonheurs. De partout.

"Mais ils sont où JF?"

"Mais ils sont là, juste à côté de toi, Macha!"

Où ça, dans les parcs où les pauvres humains qui passent 5 jours sur 7 à travailler dans des usines viennent respirer le dimanche? Où ça, dans les autobus où des cadavres de toutes les couleurs écoutent de la musique pour échapper l'espace d'un instant à la folie quotidienne. Où ça dit-moi?!!! Dans le sourire d'un enfant qui prendra malencontreusement les mêmes tics et tocs que leurs parents?

La meilleure cachette qui soit pour se libérer de l'Espiègle c'est de faire comme tout le monde, suivre les ouailles. Macha a décidé de suivre la cadence, les poches pleines de drogue. Morte de peur, triste à mourir.


mercredi 12 novembre 2014

Légende d'automne

C'est l'automne, vous l'avez bien vu. Climat étrange, ciel ombragé, tapis multicolore au sol. Soit il pleut comme vache qui pisse, soit la pluie est fine. Les yeux sont lourds, on a le teint verdâtre, le nez qui coule, les idées plus noires. Le soleil se couche bien bien bien avant nous, pendant qu'on est entrain de manger la soupe. On pense qu'il est 21 h, mais il est seulement 18 h. Me semble qu'on a la langue à terre tous les jours de novembre.

Mais il y a Brad Pitt. Pensez-y une minute... Brad Pitt de Légende d'automne qui débarque chez-vous ce matin les filles. Tignasse dorée, musclé juste parfaitement, lui qui manie aussi bien les armes qu'il vagabonde sur son étalon...
Ça sonne à la porte. Il est le facteur. Il vient vous porter votre commande de vêtements effectuée sur Internet. Vous répondez en pyjama fripé. Il illumine votre intérieur, votre paquet sous le bras. C'est pas mêlant, vous avez quasiment envie de l'inviter à monter boire un café allllllllllllllllongé.
Pauvre facteur, il fait si humide dehors, il a besoin d'un petit réchaud :) Sa run de lait attendra.

Brad Pitt à l'épicerie, entrain de flirter avec les tomates. Le cuisinier de nos rêves, prêt à nous faire la meilleure sauce à spagh du monde. On se mangerait des linguinis d'une bouche à l'autre. Il file choisir le basilic, non mais hein?! On se la joue Colombo, on le suit de près dans les allées, mine de rien. Il sourit aux conserves, sacré charmeur. Faites dont exprès d'échapper un sac de riz basmati dans sa face pour voir s'il est galant. Il l'est... Même le panier ne veut pas le quitter. Y'a pas à dire, la crème glacée fond dans les frigos quand il passe devant.

Fine bruine automnale, Brad Pitt se balade avec son chien au parc. Tuque sur la tête, gros foulard : top model de l'heure. Il foule les feuilles avec ses bottes à cap branchées doublées. Même son chien nous fait de l'oeil. Vous en perdez votre rhume, soudainement vous vous sentez revigorée et vous avez envie de prouver que vous êtes capable de monter le Kilimanjaro (la petite montagne du parc à l'herbe humide) sans entraînement. Lui, il monte ça sans essoufflement. Vous êtes derrière, la langue pendue, à glisser ou faire du surplace dans pente. Vous avez l'air folle, mais il ne vous voit pas. Vous tombée en pleine face dans côte, vous rebroussée chemin. Brad est TROP en forme.

Brad Pitt est à la télé. Beau comme un coeur, torse d'Apollon, teint basané. Reportage en magazine, il pose sur sa moto, les cuisses musclées dans ses pants en cuir. Ahhhhhrrrrr. Il sort avec Angelina Jolie, il a mille enfants... Ben coudons. Pis vous êtes entrain de boire votre café en flanelle. Le facteur sonne à la porte, sa tête ressemble à celle des frères Bogdanoff issssschhhhhhh. Le sourire décampe à vive allure. Vous partez à l'épicerie acheter du lait (vous avez été obligée de boire votre café noir nonnnnnnnn), le gars qui choisit les tomates sent le dessous de bras yarrrrkkkkkkk. Décidément, on est loin de Légende d'automne. Une petite marche au parc peut toujours remonter le moral. Le gars devant moi file avec son chien, innocemment. Sa démarche est sexy, sacré Brad. Il avance doucement. Je le dépasse en lui jetant un bonjour. Putain, il a le syndrome de la tourette et m'envoie chier.

Bon mois de novembre tout le monde. N'allez surtout pas vous louer Légende d'automne!





mercredi 5 novembre 2014

Suite du film La Route (The Road)




Je me sens comme une spartiate, à marcher sur ce sol râpeux. Personne autour de moi, que des cadavres automates qui déambulent. Les yeux morts. Les cernes charbonnés. Le vent est lourd, étourdissant, il ébranle les cimes. Il décape la terre. Il soulève les blessures. Au Texas volent les balles de foin, sur la Route, ici, volent les feuilles mortes, les sacs de plastique, les journaux, les immondices.

Je marche sur la Route, les clôtures sont en chaîne. Rouillées.

Le ciel est en chaos. Il fulmine. Il bouge très vite au-dessus de ma tête, il ne sait plus sur quel pied danser. Il broie du noir et fume des cigares. Au-dessus de la mêlée virevolte quelques oiseaux déchaînés, ils ont l'air affamés. Ça sent le réchauffé, le brûlé. Ça pue.

Sur les trottoirs, d'immenses craques prêtent à nous capturer à jamais. Il y a même du feu dedans. Il faut savoir les contourner. Dans mon dos, l'ombre. Devant, aussi. Lui aussi, prêt à m'envahir et me briser.

Sur la Route, un décor d'apocalypse. Au parc, plus aucun enfant n'y joue. Les balancelles ont été enlevées, les carrés de sable sont remplis de détritus.

J'avance et lève les genoux. La tête me fend en deux, en quatre même. Elle est pleine d'horreurs. J'attends le retour du soleil levant.

L'instabilité de l'air ambiant est engourdi, irrespirable, oppressant. Un dix roues sur le thorax.

Sur la Route, à marcher ainsi de tranchée en tranchée, sans relâche, ça donne envie de boire de l'eau. J'ai soif. Alors c'est bon signe.