samedi 14 novembre 2015

Ode aux familles monoparentales ou à moi-même présentement :)

J'écris ce billet la langue à terre, tellement les nerfs à vif que de voir mon fils renverser son yop à la banane me donne envie de pleurer.

Depuis quelques semaines, je suis seule avec mon petit caractériel de fils Bam-Bam. Bam-Bam en déplace de l'air, bientôt 2 ans et demi, blondinet charmeur, yeux verts, joues joufflues, petites mains si douces... mais à l'infernale personnalité. Je le qualifierais de petit monstre (d'amour).

J'ai réalisé au cours des derniers temps à quel point s'occuper d'un enfant seule est exigeant quand on doit, par dessus le marché, continuer notre train de vie quotidien comme si de rien y était : boulot-métro-courses-tâches multiples-dodo. J'ai envie de dire à toutes ces mères et pères qui vivent tout ça : chapeau! Je vous lève ma tuque en l'occurrence. Vous m'impressionnez.

Il faut être particulièrement organisée pour ne pas virer fou, j'en sais quelque chose. Parce qu'avec un travail à temps plein en sus, tu perds plusieurs heures dans la journée pour faire autre chose, c'est à dire l'essentiel. Le boulot n'étant pas pour moi un essentiel à vie si ce n'est que je dois travailler pour payer tous les comptes et les extras. Ce qui devient essentiel lorsque l'on a des enfants, c'est de leur procurer beaucoup d'amour, leur offrir de petits repas et les enlacer avant un dodo au chaud. Le reste devient presque futile, quoiqu'il ne l'est pas pour certaines choses.

À deux, tout est plus facile, les tâches ménagères, les repas, les courses, les temps libres, les heures du bain, des câlins, des jeux, ...
À deux, c'est toujours mieux. La vie est plus simple, elle n'est pas toujours facile, certes, mais allège la To do list.

Je me rappellle...

Quand tu n'as que toi à t'occuper, Dieu que la vie est douce. Se lever à l'heure qu'on veut, se promener candidement une tasse de café à la main, humant allègrement l'odeur de notre lessive douce fraîcheur printanière. Hop on va travailler, hop on va faire nos besoins (seul), hop on se balade en voiture ici et là au gré de nos envies, hop faire l'épicerie est une pure sortie de bonheur, hop on se loue le film que l'on veut (et non KungFu panda à répétition depuis 2 mois), hop on dort sur nos deux oreilles jusqu'au lendemain matin. Hop personne ne pige dans notre assiette. Chaque jour, rebelote de petites attentions que pour soi.

Ahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh souvenir souvenir.

Et puis là, un petit être arrive dans ta vie et tu l'aimes à en mourir. Il vient te tordre les tripes, l'estomac, la cervelle, le mental, les entrailles. Tu donnerais ta vie pour le protéger et pour qu'il ne manque de rien, mais ta vie change complètement. Les pubs télé qui te montre seulement les beaux et bons côtés c'est de la vraie merde. C'est dur s'occuper d'un petit Bam-Bam ou d'une petite démonne. Seul ou pas.

Lever 4 h 30 ou 5 h ou 5 h 30, max 6 h (rarement). Bisou maman, câlin maman, belle maman, fini dodo? Oui mon amour fini dodo, il faut se préparer. Viens on va changer la couche. Non. Oui. Non. Oui parce qu'il y a plein de pipi dedans. Pipi caca maman? Oui. Maman veut garder pyjama. Non il faut s'habiller. Non. Oui parce qu'on va aller voir les amis tantôt à la garderie. Oui maman. Maman veut yogourt. Ok. Non maman veut pain dans une assiette. Hummm non veut banane. Une banane? Hummm non pain. Non rrrrrérrréales. Ok céréales. Non veut pain. Ok pain et ça sera ça.

Ahhhh non maman yogourt par terre. Ah tabarnak, on va ramasser. Viens on va changer le gilet. Non. Oui. Non. Oui parce qu'il est sale. Veut gilet avec lion maman. Non il est à manches courtes et il fait trop froid. Ouiiiiiiiiiiiii ouinnnn ouinnnnn ouinnnnnnn. NON. On change le gilet. As-tu fait caca? Non. Ça sent le caca et tu n'as pas encore été sur le petit pot? Non maman. Viens on va changer la couche. Non. Oui. Non. Oui, il faut changer la couche avant d'aller voir les amis.

Bon là maman va se préparer, se maquiller et vider le lave-vaisselle. Maman veut maquiller aussi. Non. Ouinnnnnnnnn Ouinnnnnnnnnnnnnnnn moi veut maquiller. NON. Maman vaisselle. Oui vient on va vider le lave-vaisselle. Ok. PAF. Ostie un autre verre de péter. Il faut ramasser le verre, ôtes-toi mon chéri pour ne pas te blesser, maman va passer l'aspirateur. Non moi maman. Non, il y a du verre partout. VEUT PASSER ASPIRATEUR BON! NONNNNNNNNNNNNNNNN ôtes-toi on le passera une autre fois ensemble, là il faut faire attention.

Viens on va mettre les bottes. Non maman veut chaussures. Non les bottes car il fait froid. Nonnnnnnnnnnnnnnnnnnnnn ouinnnnnnnn ouinnnnnnnnn. Vite là on va être en retard. Maman veut zip manteau. Ok vas-y. Pas capable maman. Oui tu es capable, doucement. Maman veut maman zip. Ok je vais le zipper, regarde comment on fait. Viens on va partir à la garderie. Maman veut jouet. Non il y en a là-bas. Ouiiiiiiiiii. Non il y a déjà des jouets à la garderie. Ok maman.

.... Ceci est un matin parmi tous les autres, que de surprises exaltantes comme un caca chiasse, une otite, un pipi par terre, un verre cassé, une toast au beurre de peanuts sur une robe de travail :) Vous connaissez aussi n'est-ce pas? De beaux doigts sales de yogourt sur un pantalon noir. JOIE.

Et là, je prends les transports en commun pour une bonne heure de route. Ensuite 7 h 30 de travail. Mon heure du midi est désormais consacrée à faire les courses pour le soir, l'épicerie, les couches, l'achat de papier cul, de dentifrice, ne pas oublier de manger, travailler, penser à ci et ça. Les familles monoparentales doivent voir, penser à tout.

Et ça continue jusqu'au soir, l'heure où mon fils devrait aller dormir, mais qu'il ne veut pas. Ça peut durer des heures. Je me couche exténuée et dormirai un oeil ouvert, parce que... un petit Bam-Bam me réclamera bientôt.

J'apprends l'art de la négociation. Je me fais pourtant souvent battre par mon fils. Il est fort à ce jeu. :)

Tout ça pour dire que lorsque les familles pour aider sont loin et que les familles monoparentales doivent s'arranger seules ce n'est pas toujours rose et hop la vie. Il y a des moments difficiles et ça arrive que les larmes coulent quand tu sors le criss de sac de poubelles pis la récupération dehors. Ça arrive quand te regardant dans le miroir tu aies peur et que tu trouves que ta peau à la même couleur que le céleri passé date dans le frigo. Ça se peut qu'un matin où tu dois changer le char de bord de rue que tu recules dans la voiture d'un de tes voisins et qu'il t'engueule. Et que tu partes à pleurer sur le trottoir en te rendant travailler. Le moton finira par passer à midi, l'heure où tu dois aller chercher du zincofax pour les fesses irritées de ton petit chou. Ta journée déborde de réunions, ne rien laisser paraître pour l'ostie de bien paraître qui pollue nos vies.

Mais heureusement tu reçois un texto, un appel, un courriel qui te réconforte qui te dit je suis là si tu as besoin, n'hésite pas. Appelle quand tu veux. Une blague d'une amie qui te fait rire aux larmes. Un petit présent, une batch de muffins ou de sauce à spagh. Une soeur qui te cuisine un tartare. Une voisine qui s'offre pour t'aider n'importe quand. Ça fait tellement plaisir. Merci!

Les petits mousses c'est demandant, mais ça te procure tellement d'amour. Ta vivacité d'esprit reprend du coffre, tu deviens bionique. Veut veut pas, c'est la plus belle chose qui soit être parent.

Et que dire des moments de tendresse qui viennent se faufiler entre un temps de réflexion, une brassée de linge, un potage vite fait, un casse-tête de cheval ou une séance de mouche-nez. Ces moments appréciés, doux et revigorants, il ne faut pas les oublier, car ce sont eux qui nous tiennent debout, droit et fort.

Je partage avec vous l'un de ces moments inoubliables ici-bas. Ceux qui nous rappellent à quel point la vie est belle, fragile et trop courte bien souvent. Je pense à Paris présentement, où tant d'innocents viennent de perdre la vie. Où de petits Bam-Bam se retrouveront sans parents... C'est dur parfois le quotidien, ça demande beaucoup de patience et de recul, mais les moments que je vis j'essaie vraiment d'en profiter.

À tous les parents, monoparentaux ou pas, bons et tendres, merci à vous. Vous m'inspirez.

Je dois vous laisser. Deux brassées de linge à plier, une soupe à l'orge sur le feu..., mais Bam-Bam me demande "des pâtes maman! VEUT-DES-PÂTES!"

Ah pis, je flanche, on dormira collés pour la sieste tantôt.

Reviens vite papa!