lundi 29 février 2016

Mouton noir

Cela fait une couple de semaines que j'y réfléchie et ce matin, devant ma bay window, les cheveux en pagaille, les lunettes sur le bout du nez, j'ai décidé de partager avec vous mes interrogations.

Est-ce que je suis une mouton? Sommes-nous tous des putains de moutons? Est-ce vraiment si mal d'être un mouton?

Dernièrement, à 2-3 reprises, j'ai eu des échanges quant à la vie qu'on mène et à comment l'humain, occidentalisé du moins, agit face à ce qui se passe. Comment on suit le mouvement, sans pour autant toujours en être conscient. Des discussions vraiment intéressantes, qui m'ont fait réfléchir encore plus sur le comment je vois (nous voyons) passer les entourloupettes du gouvernement sans nécessairement sortir le poing ou les armes. Sans toujours crier haut et fort qu'on en a marre de cette merde!

C'est quoi un mouton? On dirait que certaines personnes savent exactement ce que sait et se targue de dire qu'eux n'en sont pas. Qu'eux ils avancent en défiant les lois, qu'ils ne se complait pas dans ce qu'ils ont et qu'ils n'ont peur de rien. J'aurais tendance à leur dire : Ben BRAVO!

J'affirme haut et fort aujourd'hui que d'après mon analyse émotionnelle :) et reptilienne, une partie de moi est un "mouton". Ça me fend le coeur de dire ça, mais d'après moi, nous le sommes tous à certains niveaux. À certains égards, je vis comme un mouton, mais je choisis mes combats. Je serais incapable de dire : Fuck the world et pis Fuck that shit je suis une rebelle, parce que non, je ne suis pas une rebelle à 100 % full time non plus. Je ne me laisse pas gaver de force, mais j'avoue que parfois, je baisse les bras. Cela fait-il de moi une pauvre moutonne? Peut-être.

J'analyse beaucoup la vie, un peu trop d'ailleurs. Mes insomnies en sont la conséquence directe. Je m'interroge non-stop. Je ne suis pas une moutonne inconsciente, je suis constamment dans le conscient. Je sais pertinemment que lorsque je vais tinker mon char et que le prix est exponentiel, que j'engraisse de gros magnats du pétrole. Criss aie-je vraiment le choix? De joyeux lurons écologiques me diront : oh mais il y a les transports en commun, le vélo, la marche. Certes, oui, mais en vélo l'hiver, pour aller faire les courses avec mon fils, c'est pas nécessairement facile. À ce moment-là, peut-être que je suis grosse moutonne lâche, parce que je vais mettre du gaz et suivre le mouvement en ne me demandant pas d'effort.

Par contre, je suis consciente de...
Un mouton, un vrai de vrai, lui, ne sait pas qu'il l'est vraiment. Il n'a pas conscience de la portée de ses gestes et il évitera toutes réflexions en disant : Fuck the World stie en riant comme un cochon dans son propre purin, assis au bar.

Je suis écoeurée de lire et d'entendre les gueulards de salons qui eux, se disent de véritables NON MOUTONS. Ils sacrent contre le gouvernement, l'économie, la culture, la nature, les végétariens, les sportifs, les artistes.  Ils scandent leur malheur, sont nés pour un petit pain pour une vie de merde et se plaisent à se lamenter en fuyant ce qui pourrait être affronté, changé. Ils ont peur de leurs propres petits rêves, c'est trop leur demandé. Ils préfèrent hurler. Ce qui pourrait être un petit combat, juste pour dire qu'ils font un effort, c'est peine perdue. Le vrai mouton, gueule fort, mais s'enlise. Il suit le mouvement en râlant, mais puisque tout est trop compliqué, il avancera la tête baissée pour faire comme tout le monde. Ils ont toujours une excuse.

J'ai lu quelque part "qu'il n'y a pas pire mouton que celui qui s'ignore". C'est vrai, il y en a qui se prennent pour de grands féroces. Moi j'en fais des choses pour la société, je voyage, j'achète bio, je ne prends pas ma voiture en ville, j'achète seulement local, même leur liquide à vaisselle ne contient pas de phosphates. Oulalalala WOOOOOOW! Cela fait-il vraiment de vous des NON MOUTONS?
J'en doute. Ta lavette à vaisselle a probablement été achetée chez Dollorama et a été faite par un petit Chinois qui est payé 3 cennes par jour. Et parce que je ne fais pas de composte, suis-je un mouton?

Ça ne marche pas comme ça à mon avis. Tout est dans la conscience, à première instance et dans l'agir par la suite. Certainement que tous ces beaux efforts et ces gestes sont importants et prouvent à un certain niveau que nous voulons davantage se dissocier du gouvernement et des grandes entreprises, mais reste que nous sommes pris à la gorge. Peu importe où nous sommes sur la planète, nous dépendons du système. Malheureusement. Nous dépendons des autres et ça, nous ne pouvons le nier.

Du plus pauvre au plus riche d'entre nous, nous avons peur d'une chose, perdre le peu que l'on a, peur de perdre notre petit bien-être dans notre cocon. De par cette peur de manquer de quoi que ce soit, on évite trop souvent les difficultés en se recroquevillant sur notre vie d'automates.

Je lisais quelque part le récit d'une famille partie à la voile faire le tour du monde. Bien qu'ils aient réussi à vivre simplement pendant quelques mois avec le minimum, ils avaient besoin des autres à chaque port où ils s'arrêtaient. Et à leur retour, fauchers, ils ont dû reprendre le cours de leur vie pas toujours facile, pas toujours sain, pas toujours gratifiant.

Ce tellement difficile, parce qu'en fait l'humain est pris dans une spirale qui lui fait tellement de mal. Désespérément, certains cherchent à s'en sortir, consciemment, mais le soleil chaud et brillant n'est pas si simple à atteindre.

Mouton noir!

Lorsque l'on vit comme un mouton, on pense comme un mouton. Mais il y a aussi ces moutons noirs, ceux qui ont leurs propres idées, rêves, qui se lèvent pour les mettre en oeuvre, les nourrir et trouver des solutions. C'est un peu ça fuir ce monde dirigé par des marionnettistes. En faisant sa propre petite différence qui mènera, sans contredit, à faire une GRANDE différence.

Je me considère à tout le moins un mouton noir. J'aime aller au-delà de la rectitude. J'assume, je crie, je pleure, je me mords les lèvres, je crache, je saute, je donne des coups de pieds, je frappe fort, j'interroge, j'analyse, je lève mon verre, je dis non, je m'abjecte, j'écris, je donne, je partage, j'ai peur aussi. Être un mouton noir, c'est essayer de sortir du lot sans pour autant fuir la réalité juste pour marteler qu'on est dont pas des moutons et qu'on est ben hot nous autres. Je préfère me taire, mais agir selon mes capacités.

_________

À force de réfléchir ces temps-ci à ma petite vie parfois plutôt fade, mais à la fois Oh combien riche, je me suis dit qu'il était temps que je sois honnête envers moi-même. Je dois assumer le fait que je suis une petite brebis parmi tant d'autres, mais que je suis également une leader dans mon quotidien. Je refuse de gueuler sur tout pour ensuite suivre le mouvement en déambulant la rue la tête baissée. L'important c'est de marcher la tête haute, pas tant avec le nez relevé sur les autres, non, mais s'efforçant de ne pas toujours suivre le troupeau. De sortir des sentiers battus, de dire non à l'idiotie. NE JAMAIS SE PRENDRE POUR UN AUTRE.

M'installer le coude sur la machine à café au bureau et déblatérer sur ce qui va dont mal dans la société sans lever le petit doigt, je me sentirais vachement mal. Je suis qui moi pour tempêter sur tout et rien si je ne fais quedal à part chialer.

J'aime autant créer le bonheur autour de moi. Sans faire l'autruche. Non. J'ajouterai faire le bonheur sans m'en vanter. Parce que ceux qui s'en vantent le font souvent par égoïsme.

J'aimerais, comme vous sûrement, que mon pâturage soit plus vert. J'aimerais faire ce que j'aime l'année durant. Ne pas me lever systématiquement chaque matin et accomplir une routine désolante pour mettre du beurre sur mes toasts ou payer le muffler qui vient de lâcher. Plusieurs me diront qu'à force de continuer à agir ainsi, je suis une bien triste moutonne qui engraisse le système et qui se perd dans l'illusion d'avoir une bonne vie. J'acquiesce. Peut-être. Sûrement.
Je dois faire quoi? M'en aller élever des moutons en montagne? Me faire pousser des rastas et fumer de bonnes cigarettes de cette grande industrie du tabac - grande manipulatrice - en chantant du Bob Marley? Me départir de mes acquis? Partir avec une ONG aider des gens dans le besoin quelque part sur la planète? J'aimerais ça. Je ne dis pas que ce n'est pas réalisable.

Je cherche modestement à grandir chaque jour de ma vie. À m'améliorer. À croire davantage en moi, en mes capacités. À me détacher des égos surdimensionnés de plusieurs gens qui m'entourent : famille, amis, collègues. J'aimerais faire une différence dans mon quotidien et j'y arrive peu à peu, dans de petits gestes. Je ne pense pas que les actes doivent être démesurés, en autant qu'il y en a. Nous sommes tous le mouton d'un autre à mon avis. Ce n'est pas un si grand mal. Je crois que là où il y a un véritable problème c'est lorsque l'on est totalement inconscient de ce qui s'offre à nous et des merveilles que l'on peut faire avec ce qui est à notre portée.

Ce n'est pas parce qu'une fois de temps en temps je m'offre un frappuccino Starbucks que je suis une pestiférée. Ce n'est pas parce que ma tante regarde La Voix que ça fait d'elle une singulière femme de salon qui n'a pas de jugeote. Et ceux qui vont voter ne sont pas tous des moutons ignares, ils ont peut-être juste le goût d'y croire, encore... même si malheureusement, l'engouffrement est de pis en pis.

Il faut faire attention à ce que l'on dit. Arrêtons de juger les autres et de se croire au-dessus de la masse. Que celui qui n'a jamais pêché, lance la première pierre! Que celui qui n'a jamais suivi le troupeau, lance une crotte de mouton!!!!








mardi 16 février 2016

Jamais sans amour





C’était la Saint-Valentin dimanche. Je ne voulais pas rédiger mon billet cette journée-là, de peur de me faire traiter de quétaine du crayon. Il y a tellement d’articles qui s’écrivent ce jour-là sur le comment on doit s’aimer et sur quoi s’offrir. Chaque année, on tente de nous enfoncer dans la gorge le nouveau bidule qui pourrait rendre fou d’amour notre dulcinée : la nouvelle mijoteuse à Richardo, le dernier chick-list au top des ventes chez Renaud-Bray, la splendide nuisette satinée de chez Victoria Secret (achetée trop petite ou trop grande) pour revigorer les sens, l’incontournable bouquet de roses qui donne chaque année l’air pantois à votre femme. Pour les plus colons, une bobette mangeable ou encore, pour les plus écolos, l’inégalable bougie bio Namasté qui rendra votre douce plus zen et légère.

Et pour notre prince charmant rendu bedonnant (je blague là) : une paire de boxer neuf pour mettre en évidence ses attributs, sans trous ni élastique pété, les derniers hameçons qui feront mouche dans les rivières québécoises, l’unique boîte de chocolat achetée chez Uniprix, la sortie Spa (parce que la fille, par le fait même, doit bien se faire plaisir en offrant un cadeau à son chum) ou encore, pour les plus olé olé des coquines, la dernière danse lascive pole fitness à même la balustrade du salon. Mise en garde : attention pour ne pas vous péter la fiole avec vos stilettos.

Ahhhhhhhhhhhh le jour de l’amour. Qu’on devrait célébrer tous les jours, toutes les semaines, toute l’année, quoiqu’à trop bouffer de chocolat on en aurait des haut-le-cœur. Quand j’entends dire que « Pfffffffffffffffffffff le jour de la Saint-Valentin c’est dépassé et quétaine », ça me fait sursauter chaque fois. Baptême, excuse-moi le blasphème, y’aurait-il moyen d’arrêter de chialer sur ce qu’il nous reste de beau dans ce bas monde? On continue de regarder les putains d’infos le soir, même si on nous présente juste de la grande noirceur, pourquoi on ne pourrait pas enlacer un peu de rose une fois par année.

Pour célébrer « la fête de l’amour » comme le dit mon fils, on n’est pas obligé de sortir les trompettes et le tapis rouge. Je ne pense pas qu’il y ait nécessairement un cadeau parfait pour faire savoir à l’être aimé que nous l’aimons et qu’on se sent bien en sa présence ou qu’on le remercie d’être là, beau temps, mauvais temps. Cette année, il va s’en dire que j’ai failli faire une indigestion de toutes les suggestions que me proposaient les magazines, les émissions télé et les pubs sur la Saint-Valentin. J’ai l’impression qu’on ne donne plus de place à notre imagination. Ne pensez plus, on pense pour vous. Pigez ici, vous gagnerez cela. Portez cela, vous brillerez de mille feux. Nannnnnnhh c’est que du faux. Et si on pensait par nous-mêmes juste un peu plus. Et si on sortait nos ciseaux Omer de Serres pour bricoler notre propre carte, qu’on découpait nos petits cœurs en carton pour les éparpiller candidement sur la table…

Dans le fond, si notre cœur bondit lorsqu’on voit l’être aimé ou s’il nous manque lorsqu’il n’est pas là, forcément, juste se le dire c’est un cadeau en soi. Il y a tellement d’amour dans les petites choses simples, il faut juste y être attentif. Pas besoin de payer nécessairement une fortune pour dire à l’autre qu’on est bien à ses côtés.

Suffit juste de répondre à un texto qu’on nous a envoyé dans la journée. Suffit d’une main qui rassure la vôtre lors d’une émotion forte ou encore faire une platée de biscuits ou des croissants Pittsburry pour savourer à deux du bon sucre raffiné. Hey, pourquoi ne pas poster une photo de couple sur Instagram ou Facebook au lieu de cacher son amour pour se garder une chance d’être encore en demande ou cruiser sur le side (ben oui ça ferait plaisir à votre partenaire), se raser les jambes mesdames peut vivement raviver votre couple LOL, soigner son apparence, investir dans la bonne humeur et non dans un air grincheux constant, s’adonner à un bouche que veux-tu pour alimenter le désir, partager un plat de pâtes concocté à deux à s’en délecter les babines. J’en passe.

Je suis peut-être une éternelle romantique, une romantique originale. J’aime quand les choses sortent de l’ordinaire et qu’on soit capable de transformer le prévisible en inattendu. Est-ce si difficile que ça, étreindre votre blonde sous les flocons de neige en lui disant seulement : merci d’être là. Cet instant-éternité ne vous coûtera rien messieurs. Pas un cent. Et pas besoin de décrocher la lune, on la laisse là où elle est, pour aller la regarder une autre fois, couchés dans la neige ou… dans l’herbe.

La cerise sur le gâteau : un petit mot. Une carte. Un merci sur un bout de papier déchiré. Un cœur dessiné avec le crayon feutre du petit. Un graffiti sur le mur du salon (bon j’exagère). Lui ou elle en perdra son latin. Un message n’est jamais banal. JA-MAIS. Un je t’aime, tout court.

Bref, pas besoin de jeter de la poudre aux yeux à la Saint-Valentin…

Réchauffez-vous sous le duvet. Savourons un chocolat chaud rempli de guimauves. Parce que sans amour, sans famille, sans amis, la vie serait tellement moche et triste. C’est croustillant vivre un amour sincère avec ceux qui partagent notre vie. Moi je dis qu’il faut le dire et le faire savoir, une fois de temps à autre. À notre façon. Pas juste essayer de le faire deviner sans rien faire voir. « Ben oui jt’aime, ben oui té belle, ben oui chu ben, c’est juste que ce n’est pas mon truc le dire ou le faire voir, bon ». Hmmmm t’es poche en criss, bon!

Et si on faisait perdurer le plaisir, la passion, les étincelles… même si, il faut se le dire, les moments de cette vida loca ne sont pas toujours rose comme un cupcake aux fraises.