Levée 5 h 30, réveillée par un petit chou qui avait terminé sa nuit et qui avait envie d'un gros colleux de sa maman. On s'est fait plein de câlins avant un début de journée pluvieux. Ce fut là mon premier bonheur de la journée. Avoir dans l'immensité de ma main, une toute petite menotte fragile et insécure. Ces matins-là, ils ne reviendront pas, mais il y en aura d'autres qui seront autrement.
Je me suis rendue compte aujourd'hui, que je vieillirai d'un an demain. Il y en a pour qui les anniversaires passent dans le beurre, contents de vieillir et prêts à affronter demain avec un plein d'énergie. Ce n'est pas nécessairement mon cas, j'aime pas trop voir les chiffres changer. Quand j'avais 18-19 ans, je fêtais ma fête avec plusieurs verres de fort, j'étais jeune, même insouciante si je peux dire. 25 ans c'était loin, 30 encore plus, 35 pffffffff j'allais avoir un char, un chien, une maison, un travail vraiment HOT, des enfants, de l'argent, une cuisine de rêve, j'allais péter la forme, un chum parfait, un corps parfait, une famille parfaite, tsé...
À l'aube de mes 37 ans, je n'ai rien de ça. Mis à part un beau garçon qui est le plus grand bonheur de ma vie. Lui, il est parfait même avec ses sautes d'humeur :) Un ami lui a trouvé un surnom qui lui colle bien à la peau : Bam Bam (ou Boum Boum) qui me rappelle le fils de Fred Caillou hahaha.
Quand je dis rien de ça, c'est que la vie parfaite, je ne la veux pas. J'aime la mienne, un peu tout croche parsemée de hauts, de bas, de zig-zag pis de folie passagère. Je n'ai pas de chien, pas de maison, pas d'argent, pas de cuisine de rêve (snif vraiment pas), pas de chum ni de famille parfaite. Et attention, je suis à des années lumières d'être perfect aussi. Et j'aime ça comme ça. Je suis malheureuse souvent, je pleure régulièrement, je m'interroge beaucoup trop, je ne m'accepte pas encore comme je suis, je mange beaucoup trop de chocolat (je mange des mini eggs cadbury en vous écrivant) et je suis vraiment à l'opposé d'une fille cartésienne. Je suis folle LOL. Je n'ai toujours pas trouvé le courage de frapper à certaines portes, j'ai pas pris la poudre d'escampette à des moments où j'aurais peut-être dû la prendre, j'ai manqué de courage parfois, et j'en ai aussi eu à plusieurs reprises.
Les dernières heures de mes 36 ans sont comptées. Je suis née à Saint-Roch-des-Aulnaies, petit hameau magnifique où mes racines y sont profondément encrées. Me voilà citadine Montréalaise avec quelques rides en sus. J'ai pris mes cliques et mes claques ce midi et suis partie seule manger au restaurant. "Des oeufs bénédictines scandinave svp et un café latte saupoudrée de chocolat". J'ai adoré ce moment de liberté juste à moi, pour moi, de moi. Lire le journal, tranquille. Prendre son temps, doucement. Demander un réchaud de café, juste pour faire durer le plaisir.
Rentrée sous la pluie à la maison, je finirai cette journée en allant chercher mon fils à la garderie, en faisant une autre brassée de linge, en cuisinant un bon petit souper pour mes hommes. Cuisiner, un autre de mes bonheurs si simple. Quelques exercices, donner le bain à mon bébé, jouer avec, raconter ma journée au plus grand bébé, les serrer fort... À quelques pas de mes 37 ans, j'ai une vie bigarrée de belles et de mauvaises journées. Je ne suis pas une actrice, bien que plusieurs me disent que j'ai manqué ma profession. Quand ça ne va pas, ça ne va pas. Je suis un vrai livre ouvert d'émotions. Je suis imparfaite dans tous les domaines qui soient, mais vraie dans tout mon ensemble.
Cette dernière année, je l'ai offerte à un petit être. Je me suis entièrement dévouée à lui offrir ses premières secondes, minutes, mois les plus doux, remplis d'amour. Je pense y être arrivée. Je me suis beaucoup oubliée. J'ai tout fait sauf être réellement avec moi, moi. J'ai pensé à perdre le poids de ma grossesse, à me remettre au sport, à être une bonne amoureuse, à être une bonne maman, à être une bonne fille, à pardonner aux excès, à aider autrui, à passer des nuits blanches, à penser et penser et penser à un travail que je pourrais aimer sauf celui que j'ai présentement. Bref, il est là le problème... Penser à tout sauf à soi. Pour les premières semaines de mes 37 ans, parce que j'ai décidé de le faire, je vais prendre soin de moi, moi. J'ai pris quelques mois en sus après ma maternité pour m'occuper de mon fils et ça tire à sa fin. Ça m'aura coûté une réelle fortune que je n'avais vraiment pas. Mais j'ai gagné à la loterie en faisant ce choix, passer quelques semaines de plus avec mon trésor et profiter de la vie et de ses petits bonheurs sans vraiment faire partie de la maudite machine, même si on ne s'en sort pratiquement jamais.
Demain, je vieillirai d'un printemps avec toute la folie et l'émotion qui m'appartiennent. Je suis libre de mes choix et j'espère trouver en cette nouvelle année un peu plus de sérénité.
Merci la vie!
mardi 21 octobre 2014
vendredi 3 octobre 2014
Petit matin aux machines à sous
Levée aux aurores après une nuit ennuagée d'insomnie, encore.
Ciel gris, il sera bleu certainement dans quelques heures.
J'avale une galette aux carottes (sans sucre), recette de ma mère.
Je prépare ma progéniture pour la garderie, si ce sentiment de culpabilité pouvait me lâcher merde.
Il est temps de partir, tuque à pompon sur la tête, il est tellement beau.
Quelques pas, nous y sommes. Il sonne lui-même à la porte. C'est Nabila qui lui répond : Salut mon grand, mais tu es dont bien beau ce matin!
Mon fils sourit, pour la première fois. Aucune larme émotive sur sa joue, ses petits yeux sont même souriants. Ça me rend tellement heureuse que j'ai le coeur qui se serre un peu trop fort. J'étouffe. Il est assis là, sur son petit pouf, avec ses petits pieds dans ses chaussures sport, il me regarde et semble me dire : " Maman, ça va aller. J'ai compris que je viendrais ici tous les matins et que tu viendras toujours me chercher."
Il m'envoie la main en me disant : dye dye (bye bye).
Je sors de là pour enfin faire gicler mes larmes. Moi qui pensait être faite forte... Qu'est-ce que je dis là, pleurer c'est aussi ça être fort.
Je marche à n'en voir quasiment plus clair, perdue dans mes pensées. Je sèche mes pleurs avec mon poignet et j'avance, j'avance, j'avance. Et je rentre dans un café un peu perdu, ça boucane là-dedans.
Un gros fumeur aux doigts jaunes assis sur le semblant de terrasse me salue de la main en entrant : Salut. Je ne sais pas ce qui me pousse à entrer, mais j'entre. J'ai envie d'un bon café. Cinq-six mecs assis au bar, peut-être sept-huit. Ça pue le fond de tonne, ça sent la clope, je suis la seule femme avec la serveuse.
Deux machines à sous qui illuminent la place, deux autres qui sont défectueuses. Je regarde les bouteilles à moitié vides qui sillonnent le bar. Je m'arrête sur le VSOP, ça me rappelle des souvenirs.
- Un café latte svp, pour apporter (wo je ne resterai pas là, que je me dis).
Bonjour madame, vous voulez le journal? Me demande l'un d'entre eux.
- Oui, pourquoi pas, que je lui répond avec le sourire.
Ces gars-là sont là depuis un bout je pense, depuis l'ouverture du bar. À part un ou deux, les autres boivent leurs cafés (aromatisés ou pas) avant d'aller au boulot. Je le vois par leurs mains de travailleurs acharnés. Ils sont gentils avec moi, polis même. Personne ne me regarde bizarrement, je fais partie de leur gang rapidement. Je me sens comme chez-nous, parce que je ne viens pas d'un milieu léché. Je n'ai pas peur de parler avec les gens. Je m'asseois et j'entre vite dans leur monde, je partage le bonjour, je jase de tout.
- Y'annonce beau aujourd'hui, ajoute l'un.
Bon la machine à café fait sa capricieuse, c'est pas grave quelques minutes de plus ou de moins. Les gens enfilent les cafés commandés avant moi un après l'autre. Comme tout le monde, besoin d'un remontant avant une longue journée de travail.
Je tourne les pages du Journal de Montréal, si j'étais plus dégourdie, j'irais me taper une game de machine à sous hahaha.
- Voilà ma petite dame, votre latte avec du chocolat saupoudré sur le dessus.
J'y goûte! OMG, ça faisait longtemps que je n'avais pas bu un latte aussi goûteux. Il est ÉCOEURANT.
- Merci madame. J'y laisse un gros 1.25 $ de pourboire. Je me sens généreuse :)
Les gars me souhaitent bonne journée. Je leur retourne la pareille.
Je suis sortie de là avec un latte, un sourire, mes larmes disparues, complètement revigorée. Prête à entamer ma journée d'étude, de Pilates et une sortie au Pullman ce soir (probablement que je m'y sentirai moins à l'aise qu'à ce petit café où se cache des hommes un peu crasseux mais tellement gentils.)
J'entends quelques amies de mon entourage se dire intérieurement : Oh mon Dieu, oulala, ohlala, sacrée Karine va, j'aurais jamais mis les pieds là-dedans, yark caca!
LOL, ça me définit bien. J'aime le monde.
Bonne journée!
Ciel gris, il sera bleu certainement dans quelques heures.
J'avale une galette aux carottes (sans sucre), recette de ma mère.
Je prépare ma progéniture pour la garderie, si ce sentiment de culpabilité pouvait me lâcher merde.
Il est temps de partir, tuque à pompon sur la tête, il est tellement beau.
Quelques pas, nous y sommes. Il sonne lui-même à la porte. C'est Nabila qui lui répond : Salut mon grand, mais tu es dont bien beau ce matin!
Mon fils sourit, pour la première fois. Aucune larme émotive sur sa joue, ses petits yeux sont même souriants. Ça me rend tellement heureuse que j'ai le coeur qui se serre un peu trop fort. J'étouffe. Il est assis là, sur son petit pouf, avec ses petits pieds dans ses chaussures sport, il me regarde et semble me dire : " Maman, ça va aller. J'ai compris que je viendrais ici tous les matins et que tu viendras toujours me chercher."
Il m'envoie la main en me disant : dye dye (bye bye).
Je sors de là pour enfin faire gicler mes larmes. Moi qui pensait être faite forte... Qu'est-ce que je dis là, pleurer c'est aussi ça être fort.
Je marche à n'en voir quasiment plus clair, perdue dans mes pensées. Je sèche mes pleurs avec mon poignet et j'avance, j'avance, j'avance. Et je rentre dans un café un peu perdu, ça boucane là-dedans.
Un gros fumeur aux doigts jaunes assis sur le semblant de terrasse me salue de la main en entrant : Salut. Je ne sais pas ce qui me pousse à entrer, mais j'entre. J'ai envie d'un bon café. Cinq-six mecs assis au bar, peut-être sept-huit. Ça pue le fond de tonne, ça sent la clope, je suis la seule femme avec la serveuse.
Deux machines à sous qui illuminent la place, deux autres qui sont défectueuses. Je regarde les bouteilles à moitié vides qui sillonnent le bar. Je m'arrête sur le VSOP, ça me rappelle des souvenirs.
- Un café latte svp, pour apporter (wo je ne resterai pas là, que je me dis).
Bonjour madame, vous voulez le journal? Me demande l'un d'entre eux.
- Oui, pourquoi pas, que je lui répond avec le sourire.
Ces gars-là sont là depuis un bout je pense, depuis l'ouverture du bar. À part un ou deux, les autres boivent leurs cafés (aromatisés ou pas) avant d'aller au boulot. Je le vois par leurs mains de travailleurs acharnés. Ils sont gentils avec moi, polis même. Personne ne me regarde bizarrement, je fais partie de leur gang rapidement. Je me sens comme chez-nous, parce que je ne viens pas d'un milieu léché. Je n'ai pas peur de parler avec les gens. Je m'asseois et j'entre vite dans leur monde, je partage le bonjour, je jase de tout.
- Y'annonce beau aujourd'hui, ajoute l'un.
Bon la machine à café fait sa capricieuse, c'est pas grave quelques minutes de plus ou de moins. Les gens enfilent les cafés commandés avant moi un après l'autre. Comme tout le monde, besoin d'un remontant avant une longue journée de travail.
Je tourne les pages du Journal de Montréal, si j'étais plus dégourdie, j'irais me taper une game de machine à sous hahaha.
- Voilà ma petite dame, votre latte avec du chocolat saupoudré sur le dessus.
J'y goûte! OMG, ça faisait longtemps que je n'avais pas bu un latte aussi goûteux. Il est ÉCOEURANT.
- Merci madame. J'y laisse un gros 1.25 $ de pourboire. Je me sens généreuse :)
Les gars me souhaitent bonne journée. Je leur retourne la pareille.
Je suis sortie de là avec un latte, un sourire, mes larmes disparues, complètement revigorée. Prête à entamer ma journée d'étude, de Pilates et une sortie au Pullman ce soir (probablement que je m'y sentirai moins à l'aise qu'à ce petit café où se cache des hommes un peu crasseux mais tellement gentils.)
J'entends quelques amies de mon entourage se dire intérieurement : Oh mon Dieu, oulala, ohlala, sacrée Karine va, j'aurais jamais mis les pieds là-dedans, yark caca!
LOL, ça me définit bien. J'aime le monde.
Bonne journée!
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