vendredi 3 octobre 2014

Petit matin aux machines à sous

Levée aux aurores après une nuit ennuagée d'insomnie, encore.

Ciel gris, il sera bleu certainement dans quelques heures.

J'avale une galette aux carottes (sans sucre), recette de ma mère.

Je prépare ma progéniture pour la garderie, si ce sentiment de culpabilité pouvait me lâcher merde.

Il est temps de partir, tuque à pompon sur la tête, il est tellement beau.

Quelques pas, nous y sommes. Il sonne lui-même à la porte. C'est Nabila qui lui répond : Salut mon grand, mais tu es dont bien beau ce matin!

Mon fils sourit, pour la première fois. Aucune larme émotive sur sa joue, ses petits yeux sont même souriants. Ça me rend tellement heureuse que j'ai le coeur qui se serre un peu trop fort. J'étouffe. Il est assis là, sur son petit pouf, avec ses petits pieds dans ses chaussures sport, il me regarde et semble me dire : " Maman, ça va aller. J'ai compris que je viendrais ici tous les matins et que tu viendras toujours me chercher."

Il m'envoie la main en me disant : dye dye (bye bye).

Je sors de là pour enfin faire gicler mes larmes. Moi qui pensait être faite forte... Qu'est-ce que je dis là, pleurer c'est aussi ça être fort.

Je marche à n'en voir quasiment plus clair, perdue dans mes pensées. Je sèche mes pleurs avec mon poignet et j'avance, j'avance, j'avance. Et je rentre dans un café un peu perdu, ça boucane là-dedans.

Un gros fumeur aux doigts jaunes assis sur le semblant de terrasse me salue de la main en entrant : Salut. Je ne sais pas ce qui me pousse à entrer, mais j'entre. J'ai envie d'un bon café. Cinq-six mecs assis au bar, peut-être sept-huit. Ça pue le fond de tonne, ça sent la clope, je suis la seule femme avec la serveuse.

Deux machines à sous qui illuminent la place, deux autres qui sont défectueuses. Je regarde les bouteilles à moitié vides qui sillonnent le bar. Je m'arrête sur le VSOP, ça me rappelle des souvenirs.

- Un café latte svp, pour apporter (wo je ne resterai pas là, que je me dis).

Bonjour madame, vous voulez le journal? Me demande l'un d'entre eux.

- Oui, pourquoi pas, que je lui répond avec le sourire.

Ces gars-là sont là depuis un bout je pense, depuis l'ouverture du bar. À part un ou deux, les autres boivent leurs cafés (aromatisés ou pas) avant d'aller au boulot. Je le vois par leurs mains de travailleurs acharnés. Ils sont gentils avec moi, polis même. Personne ne me regarde bizarrement, je fais partie de leur gang rapidement. Je me sens comme chez-nous, parce que je ne viens pas d'un milieu léché. Je n'ai pas peur de parler avec les gens. Je m'asseois et j'entre vite dans leur monde, je partage le bonjour, je jase de tout.

- Y'annonce beau aujourd'hui, ajoute l'un.

Bon la machine à café fait sa capricieuse, c'est pas grave quelques minutes de plus ou de moins. Les gens enfilent les cafés commandés avant moi un après l'autre. Comme tout le monde, besoin d'un remontant avant une longue journée de travail.

Je tourne les pages du Journal de Montréal, si j'étais plus dégourdie, j'irais me taper une game de machine à sous hahaha.

- Voilà ma petite dame, votre latte avec du chocolat saupoudré sur le dessus.

J'y goûte! OMG, ça faisait longtemps que je n'avais pas bu un latte aussi goûteux. Il est ÉCOEURANT.

- Merci madame. J'y laisse un gros 1.25 $ de pourboire. Je me sens généreuse :)

Les gars me souhaitent bonne journée. Je leur retourne la pareille.

Je suis sortie de là avec un latte, un sourire, mes larmes disparues, complètement revigorée. Prête à entamer ma journée d'étude, de Pilates et une sortie au Pullman ce soir (probablement que je m'y sentirai moins à l'aise qu'à ce petit café où se cache des hommes un peu crasseux mais tellement gentils.)

J'entends quelques amies de mon entourage se dire intérieurement : Oh mon Dieu, oulala, ohlala, sacrée Karine va, j'aurais jamais mis les pieds là-dedans, yark caca!

LOL, ça me définit bien. J'aime le monde.

Bonne journée!




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