mercredi 5 novembre 2014

Suite du film La Route (The Road)




Je me sens comme une spartiate, à marcher sur ce sol râpeux. Personne autour de moi, que des cadavres automates qui déambulent. Les yeux morts. Les cernes charbonnés. Le vent est lourd, étourdissant, il ébranle les cimes. Il décape la terre. Il soulève les blessures. Au Texas volent les balles de foin, sur la Route, ici, volent les feuilles mortes, les sacs de plastique, les journaux, les immondices.

Je marche sur la Route, les clôtures sont en chaîne. Rouillées.

Le ciel est en chaos. Il fulmine. Il bouge très vite au-dessus de ma tête, il ne sait plus sur quel pied danser. Il broie du noir et fume des cigares. Au-dessus de la mêlée virevolte quelques oiseaux déchaînés, ils ont l'air affamés. Ça sent le réchauffé, le brûlé. Ça pue.

Sur les trottoirs, d'immenses craques prêtent à nous capturer à jamais. Il y a même du feu dedans. Il faut savoir les contourner. Dans mon dos, l'ombre. Devant, aussi. Lui aussi, prêt à m'envahir et me briser.

Sur la Route, un décor d'apocalypse. Au parc, plus aucun enfant n'y joue. Les balancelles ont été enlevées, les carrés de sable sont remplis de détritus.

J'avance et lève les genoux. La tête me fend en deux, en quatre même. Elle est pleine d'horreurs. J'attends le retour du soleil levant.

L'instabilité de l'air ambiant est engourdi, irrespirable, oppressant. Un dix roues sur le thorax.

Sur la Route, à marcher ainsi de tranchée en tranchée, sans relâche, ça donne envie de boire de l'eau. J'ai soif. Alors c'est bon signe.










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