C’était la Saint-Valentin dimanche. Je ne voulais pas
rédiger mon billet cette journée-là, de peur de me faire traiter de quétaine du
crayon. Il y a tellement d’articles qui s’écrivent ce jour-là sur le comment on
doit s’aimer et sur quoi s’offrir. Chaque année, on tente de nous enfoncer dans
la gorge le nouveau bidule qui pourrait rendre fou d’amour notre dulcinée :
la nouvelle mijoteuse à Richardo, le dernier chick-list au top des ventes chez
Renaud-Bray, la splendide nuisette satinée de chez Victoria Secret (achetée
trop petite ou trop grande) pour revigorer les sens, l’incontournable bouquet
de roses qui donne chaque année l’air pantois à votre femme. Pour les plus
colons, une bobette mangeable ou encore, pour les plus écolos, l’inégalable
bougie bio Namasté qui rendra votre douce plus zen et légère.
Et pour notre prince charmant rendu bedonnant (je blague là) :
une paire de boxer neuf pour mettre en évidence ses attributs, sans trous ni
élastique pété, les derniers hameçons qui feront mouche dans les rivières
québécoises, l’unique boîte de chocolat achetée chez Uniprix, la sortie Spa
(parce que la fille, par le fait même, doit bien se faire plaisir en offrant un
cadeau à son chum) ou encore, pour les plus olé olé des coquines, la dernière
danse lascive pole fitness à même la balustrade
du salon. Mise en garde : attention pour ne pas vous péter la fiole avec
vos stilettos.
Ahhhhhhhhhhhh le jour de l’amour. Qu’on devrait célébrer
tous les jours, toutes les semaines, toute l’année, quoiqu’à trop bouffer de
chocolat on en aurait des haut-le-cœur. Quand j’entends dire que « Pfffffffffffffffffffff
le jour de la Saint-Valentin c’est dépassé et quétaine », ça me fait sursauter
chaque fois. Baptême, excuse-moi le blasphème, y’aurait-il moyen d’arrêter de
chialer sur ce qu’il nous reste de beau dans ce bas monde? On continue de
regarder les putains d’infos le soir, même si on nous présente juste de la
grande noirceur, pourquoi on ne pourrait pas enlacer un peu de rose une fois
par année.
Pour célébrer « la
fête de l’amour » comme le dit mon fils, on n’est pas obligé de sortir
les trompettes et le tapis rouge. Je ne pense pas qu’il y ait nécessairement un
cadeau parfait pour faire savoir à l’être aimé que nous l’aimons et qu’on se
sent bien en sa présence ou qu’on le remercie d’être là, beau temps, mauvais
temps. Cette année, il va s’en dire que j’ai failli faire une indigestion de
toutes les suggestions que me proposaient les magazines, les émissions télé et
les pubs sur la Saint-Valentin. J’ai l’impression qu’on ne donne plus de place
à notre imagination. Ne pensez plus, on pense pour vous. Pigez ici, vous gagnerez
cela. Portez cela, vous brillerez de mille feux. Nannnnnnhh c’est que du faux. Et
si on pensait par nous-mêmes juste un peu plus. Et si on sortait nos ciseaux
Omer de Serres pour bricoler notre propre carte, qu’on découpait nos petits cœurs
en carton pour les éparpiller candidement sur la table…
Dans le fond, si notre cœur bondit lorsqu’on voit l’être
aimé ou s’il nous manque lorsqu’il n’est pas là, forcément, juste se le dire c’est
un cadeau en soi. Il y a tellement d’amour dans les petites choses simples, il
faut juste y être attentif. Pas besoin de payer nécessairement une fortune pour
dire à l’autre qu’on est bien à ses côtés.
Suffit juste de répondre à un texto qu’on nous a envoyé dans
la journée. Suffit d’une main qui rassure la vôtre lors d’une émotion forte ou
encore faire une platée de biscuits ou
des croissants Pittsburry pour savourer à deux du bon sucre raffiné. Hey,
pourquoi ne pas poster une photo de couple sur Instagram ou Facebook au lieu de
cacher son amour pour se garder une chance d’être encore en demande ou cruiser
sur le side (ben oui ça ferait
plaisir à votre partenaire), se raser les jambes mesdames peut vivement raviver
votre couple LOL, soigner son apparence, investir dans la bonne humeur et non
dans un air grincheux constant, s’adonner à un bouche que veux-tu pour alimenter le désir, partager un plat de
pâtes concocté à deux à s’en délecter les babines. J’en passe.
Je suis peut-être une éternelle romantique, une romantique
originale. J’aime quand les choses sortent de l’ordinaire et qu’on soit capable
de transformer le prévisible en inattendu. Est-ce si difficile que ça, étreindre
votre blonde sous les flocons de neige en lui disant seulement : merci d’être
là. Cet instant-éternité ne vous coûtera rien messieurs. Pas un cent. Et pas
besoin de décrocher la lune, on la laisse là où elle est, pour aller la
regarder une autre fois, couchés dans la neige ou… dans l’herbe.
La cerise sur le gâteau : un petit mot. Une carte. Un
merci sur un bout de papier déchiré. Un cœur dessiné avec le crayon feutre du
petit. Un graffiti sur le mur du salon (bon j’exagère). Lui ou elle en perdra
son latin. Un message n’est jamais banal. JA-MAIS. Un je t’aime, tout court.
Bref, pas besoin de jeter de la poudre aux yeux à la
Saint-Valentin…
Réchauffez-vous sous le duvet. Savourons un chocolat chaud rempli
de guimauves. Parce que sans amour, sans famille, sans amis, la vie serait
tellement moche et triste. C’est croustillant vivre un amour sincère avec ceux
qui partagent notre vie. Moi je dis qu’il faut le dire et le faire savoir, une
fois de temps à autre. À notre façon. Pas juste essayer de le faire deviner
sans rien faire voir. « Ben oui jt’aime, ben oui té belle, ben oui chu
ben, c’est juste que ce n’est pas mon truc le dire ou le faire voir, bon ».
Hmmmm t’es poche en criss, bon!
Et si on faisait perdurer le plaisir, la passion, les
étincelles… même si, il faut se le dire, les moments de cette vida loca ne sont
pas toujours rose comme un cupcake aux fraises.
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