Cette année encore, je passerai mes vacances au
Québec. Une journée avec ma tuque sur la tête, l’autre en bikini culotte taille
haute – fini la hanche échancrée – pour la madame que je suis. Soleil, pluie,
neige, grésil, vent, orages. Cette année encore, je n’irai pas visiter les Îles
Turquoises/Fidji/Caïman ni la Place Rouge en Russie. Je vais rester avachie sur mon sofa, à suer ma vie si
le temps est humide ou à me lamenter qu’il pleut pis qu’il ne fait pas beau.
Une vraie québécoise quoi J
Nonnnnn nonnnnn, j’exagère, mais il est vrai que cette
année encore, je vais devoir apprivoiser le bonheur tout près. Je n’aurai pas
encore le moyen d’aller pavaner ma peau d’orange sur une plage de sable fin ni aller
partager le Chimarrão au Brésil. Non, ma sortie la plus
exotique sera de me rendre à l’épicerie métro. Vous connaissez? Métroland,
cette île paradisiaque où on vend les cerises 8 $ la livre.
Trêve de sarcasme, j’ai fait quelques
calculs dernièrement et je me suis rendu compte à quel point la vie coûte un
bras pis une jambe. Voyager en famille n’est pas donné à tout le monde. Tant
mieux pour ceux qui peuvent le faire, mais partir à 3-4-5 en avion, ça coûte la
peau du cul. Cul à Jennifer Lopez là. Je me creuse les méninges sans relâche à
savoir comment des familles peuvent se permettre de partir 1 ou 2 semaines à
l’international en dépensant des montants frôlant les 8-10 000 $ (billets
inclus évidemment). On la trouve où cet argent?
Quand j’étais plus jeune, je
voulais voyager et voir le monde entier. Je voulais aussi un bon job, une belle
famille en santé, je voulais travailler comme rédactrice et je souhaitais avoir
un beau jardin et puis des fleurs partout autour de ma maisonnée. Je voulais
être en top shape physiquement,
garder la forme mentale, faire attention à moi, avoir une belle petite maison
de campagne, lire tous les bouquins qui sortent en librairie, être une super
méga cuisinière, la plus cool des blondes, une maman au top, une trendy girl, une super woman… Tout ça en me sentant toujours utile, en ayant la
meilleure qualité de vie qui soit, être zen, ne jamais me chicaner avec mon
conjoint, garder mon sourire charmeur, peindre de belles toiles, vendre des
romans, etc.
Et puis merde, à l’aube de mes xx
balais, je suis fatiguée, je n’ai pas eu le temps de faire la moitié de tout ça.
La vie passe trop vite. J’ai deux semaines off par année, même pas le temps de
me revirer de bord. Même pas le temps de faire le ménage de mes armoires
bordel! Tu commences à te sentir en vacances que le lendemain tu dois être de
retour au boulot. 50 semaines par année à ne pas faire ce que tu as envie de
faire ou enfin presque. Où tu ne fais pas ce qui te tente le plus, disons. Écrire,
peindre, t’entraîner, voyager, renifler les fleurs, arroser le jardin, te
rouler en boule sous la couette et lire jusqu’à plus d’heures, poser une toile
sur le mur, étendre ton linge candidement, visiter un musée, tondre le gazon,
nager en eaux turquoises, explorer un nouveau village sur un autre continent…
Ahhhhhhhhhhhhhh!
Parfois il me vient une bulle au
cerveau qui me donne envie de partir tondre des moutons en hautes montagnes et
de cultiver mon propre fromage. Hummm non, mais tsé je pourrais essayer. Hummmm
non. Je pourrais tout lâcher et revenir vivre en région natale, mais je
n’aurais pas de job. Bon. Je pourrais également aller vivre en Russie pour voir
tous les jours, de mes yeux vus, la Place Rouge. Vivre au gré des délires à
Poutine. Non. Je pourrais par ailleurs peindre des fresques tard le soir
pendant que mon fils… ne dort pas. Woin non, je ne dors déjà pas. Je dois
récupérer. Dès 20 h je n’ai plus d’énergie. Je suis sur le déclin, les yeux
mi-clos. Je pourrais et je pense que je tiens la clé d’un petit bonheur, faire
un hold-up pour m’acheter une petite maison et ne pas avoir à m’endetter pour
les 25 prochaines années de ma vie… pas certaine.
Tsé chaque année, je me prépare
mentalement à gambader ici et là pour mes vacances, à faire une tonne d’activités,
à cuisiner les meilleures salades qui soient pour épater la galerie ou enfin,
m’autoépater les papilles gustatives. Virevolter ici et là et ne pas être
angoissée par le sablier qui s’écoule. Visiter ma famille et y passer plus de
deux nuits. Prendre le temps de prendre le temps. Ben NON! Pas le temps de
prendre du temps.
J’aimerais tout faire adulte ce
que je n’ai pas pu faire enfant, soit de voyager et de faire mille et une
activités avec ma famille, mais je manque de temps et d’argent. Ça va trop
vite. Je manque d’énergie. Il manque du lait dans le frigo. Je dois étudier
pour un examen. J’ai du lavage à faire. Le salon est à repeindre. On travaille
40 heures par semaine. Les comptes affluent. On doit payer les assurances. La
sécheuse a pété.
C’est fou comme on se rend compte
en vieillissant comme on n’accomplit pas ce que l’on voudrait vraiment. On
passe trop à côté de… On peine à biffer une ligne sur notre to do list. Au profit de quoi? Pourquoi
est-ce qu’on s’enlise dans cette vie d’automates la langue à terre, dîtes-moi
pourquoi? Pourquoi est-ce que l’on s’identifie à un travail, à un salaire, à
une marque de voiture. Pourquoi sommes-nous toujours à la course, essoufflés,
débordés de paiements, en manque de temps?
POURQUOI? La réponse doit se
trouver dans la Caramilk.
*********
Je vais m’offrir un bel été tien.
Je ne voyagerai pas, mais je vais offrir à mon fils et à mon conjoint mon
sourire le plus ravageur qui soit. Ce n’est pas grandiose ça? J Je vais concocter des salades surprenantes et me
laisser choir sur le sofa un roman à la main. Un gros deux semaines, c’est
mieux que rien.
Et puis on n’a peut-être pas
l’argent pour voyager aux 4 coins du globe, mais nous avons suffisamment de
sous pour pique-niquer à travers la belle Province. Croquer un sandwich au
jambon-beurre-moutarde assise sur un rocher à Kamouraska, c’est encore mieux
qu’une jase avec un Perroquet aux îles Fidji. Non?
Et j’ai suffisamment d’amour à
donner aux miens… ce qui en soi, est une richesse incommensurable qui n’a pas
besoin de billet aller-retour.
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