mardi 28 juin 2016

Des îles Fidji à Kamouraska




Cette année encore, je passerai mes vacances au Québec. Une journée avec ma tuque sur la tête, l’autre en bikini culotte taille haute – fini la hanche échancrée – pour la madame que je suis. Soleil, pluie, neige, grésil, vent, orages. Cette année encore, je n’irai pas visiter les Îles Turquoises/Fidji/Caïman ni la Place Rouge en Russie. Je vais rester avachie sur mon sofa, à suer ma vie si le temps est humide ou à me lamenter qu’il pleut pis qu’il ne fait pas beau. Une vraie québécoise quoi J

Nonnnnn nonnnnn, j’exagère, mais il est vrai que cette année encore, je vais devoir apprivoiser le bonheur tout près. Je n’aurai pas encore le moyen d’aller pavaner ma peau d’orange sur une plage de sable fin ni aller partager le Chimarrão au Brésil. Non, ma sortie la plus exotique sera de me rendre à l’épicerie métro. Vous connaissez? Métroland, cette île paradisiaque où on vend les cerises 8 $ la livre.

Trêve de sarcasme, j’ai fait quelques calculs dernièrement et je me suis rendu compte à quel point la vie coûte un bras pis une jambe. Voyager en famille n’est pas donné à tout le monde. Tant mieux pour ceux qui peuvent le faire, mais partir à 3-4-5 en avion, ça coûte la peau du cul. Cul à Jennifer Lopez là. Je me creuse les méninges sans relâche à savoir comment des familles peuvent se permettre de partir 1 ou 2 semaines à l’international en dépensant des montants frôlant les 8-10 000 $ (billets inclus évidemment). On la trouve où cet argent?

Quand j’étais plus jeune, je voulais voyager et voir le monde entier. Je voulais aussi un bon job, une belle famille en santé, je voulais travailler comme rédactrice et je souhaitais avoir un beau jardin et puis des fleurs partout autour de ma maisonnée. Je voulais être en top shape physiquement, garder la forme mentale, faire attention à moi, avoir une belle petite maison de campagne, lire tous les bouquins qui sortent en librairie, être une super méga cuisinière, la plus cool des blondes, une maman au top, une trendy girl, une super woman… Tout ça en me sentant toujours utile, en ayant la meilleure qualité de vie qui soit, être zen, ne jamais me chicaner avec mon conjoint, garder mon sourire charmeur, peindre de belles toiles, vendre des romans, etc.

Et puis merde, à l’aube de mes xx balais, je suis fatiguée, je n’ai pas eu le temps de faire la moitié de tout ça. La vie passe trop vite. J’ai deux semaines off par année, même pas le temps de me revirer de bord. Même pas le temps de faire le ménage de mes armoires bordel! Tu commences à te sentir en vacances que le lendemain tu dois être de retour au boulot. 50 semaines par année à ne pas faire ce que tu as envie de faire ou enfin presque. Où tu ne fais pas ce qui te tente le plus, disons. Écrire, peindre, t’entraîner, voyager, renifler les fleurs, arroser le jardin, te rouler en boule sous la couette et lire jusqu’à plus d’heures, poser une toile sur le mur, étendre ton linge candidement, visiter un musée, tondre le gazon, nager en eaux turquoises, explorer un nouveau village sur un autre continent…

Ahhhhhhhhhhhhhh!

Parfois il me vient une bulle au cerveau qui me donne envie de partir tondre des moutons en hautes montagnes et de cultiver mon propre fromage. Hummm non, mais tsé je pourrais essayer. Hummmm non. Je pourrais tout lâcher et revenir vivre en région natale, mais je n’aurais pas de job. Bon. Je pourrais également aller vivre en Russie pour voir tous les jours, de mes yeux vus, la Place Rouge. Vivre au gré des délires à Poutine. Non. Je pourrais par ailleurs peindre des fresques tard le soir pendant que mon fils… ne dort pas. Woin non, je ne dors déjà pas. Je dois récupérer. Dès 20 h je n’ai plus d’énergie. Je suis sur le déclin, les yeux mi-clos. Je pourrais et je pense que je tiens la clé d’un petit bonheur, faire un hold-up pour m’acheter une petite maison et ne pas avoir à m’endetter pour les 25 prochaines années de ma vie… pas certaine.

Tsé chaque année, je me prépare mentalement à gambader ici et là pour mes vacances, à faire une tonne d’activités, à cuisiner les meilleures salades qui soient pour épater la galerie ou enfin, m’autoépater les papilles gustatives. Virevolter ici et là et ne pas être angoissée par le sablier qui s’écoule. Visiter ma famille et y passer plus de deux nuits. Prendre le temps de prendre le temps. Ben NON! Pas le temps de prendre du temps.

J’aimerais tout faire adulte ce que je n’ai pas pu faire enfant, soit de voyager et de faire mille et une activités avec ma famille, mais je manque de temps et d’argent. Ça va trop vite. Je manque d’énergie. Il manque du lait dans le frigo. Je dois étudier pour un examen. J’ai du lavage à faire. Le salon est à repeindre. On travaille 40 heures par semaine. Les comptes affluent. On doit payer les assurances. La sécheuse a pété.  

C’est fou comme on se rend compte en vieillissant comme on n’accomplit pas ce que l’on voudrait vraiment. On passe trop à côté de… On peine à biffer une ligne sur notre to do list. Au profit de quoi? Pourquoi est-ce qu’on s’enlise dans cette vie d’automates la langue à terre, dîtes-moi pourquoi? Pourquoi est-ce que l’on s’identifie à un travail, à un salaire, à une marque de voiture. Pourquoi sommes-nous toujours à la course, essoufflés, débordés de paiements, en manque de temps?


POURQUOI? La réponse doit se trouver dans la Caramilk.

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Je vais m’offrir un bel été tien. Je ne voyagerai pas, mais je vais offrir à mon fils et à mon conjoint mon sourire le plus ravageur qui soit. Ce n’est pas grandiose ça? J Je vais concocter des salades surprenantes et me laisser choir sur le sofa un roman à la main. Un gros deux semaines, c’est mieux que rien.

Et puis on n’a peut-être pas l’argent pour voyager aux 4 coins du globe, mais nous avons suffisamment de sous pour pique-niquer à travers la belle Province. Croquer un sandwich au jambon-beurre-moutarde assise sur un rocher à Kamouraska, c’est encore mieux qu’une jase avec un Perroquet aux îles Fidji. Non?

Et j’ai suffisamment d’amour à donner aux miens… ce qui en soi, est une richesse incommensurable qui n’a pas besoin de billet aller-retour.

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