mardi 10 juin 2014

Me, myself and I et mon char

"Essayer de faire passer le temps enfermée dans la salle de bain du resto, ça faisait longtemps que ça ne m'était pas arrivé. Putain qu'il est ennuyant. Comment je fais pour me sortir de là?"

Dernièrement, j'ai été manger avec une ancienne fréquentation de courte durée du secondaire, mais nous étant croisés dans le métro, on s'est dit hey pourquoi pas un petit drink pour jaser de nos vies respectives. Il est en couple et moi aussi, pas de danger. LOL. Sans blague, mon conjoint étant au courant, pourquoi pas aller jaser avec un ancien ami du secondaire.

Go.

Le type est encore cute, un beau bonhomme qui vieillit bien, look veston cravate zéro pour moi par contre. Ses belles épaules le caractérisaient à l'époque, il avait une belle démarche, un sourire pétillant. Je nous revois quelques filles se pâmer devant son large dos athlétique. Et il était gentil en plus. Alors son invitation était sympa et c'est toujours cool se rappeler le passé et en rire. Parler des amis d'antan, de ce qu'ils sont devenus.

CE NE FUT PAS LE CAS.

OMG. Dès la première heure, je me demandais ce que je faisais là. Le type = PLATE À MORT. Devenu un genre de geek suffisant de lui-même, tombé de la planète "regardez-moi", méga hautain et prétentieux. Ça faisait quasiment une heure que je n'avais pas pu ouvrir la bouche. Et bla bla bla - ma blonde est une top model, je ne pourrais pas sortir avec un kéfeuse - je gagne super bien ma vie, je me suis acheté un condo et un immeuble dernièrement - j'ai une décapotable, je te la montrerai en sortant du resto - je me suis fait blanchir les dents l'an passé - aimes-tu mon look, j'ai changé hein? - je trippe à fond informatique -...

Le gars était devenu l'opposé du garçon qu'il était à l'époque. Sportif, rigolo, simple, plutôt authentique. Il avait pété un câble avec les années. Je m'ennuyais à mourir. Mon discours de la soirée resssemblait à ceci : han han ouais, ah oui, ah cool, woin tu es pas mal hot, ouf c'est vraiment génial, han han ouais!

Du Me, Myself and I à grand déploiement. Il m'a même lancé un regard nébuleux lorsque j'ai décidé de prendre un verre de vin blanc au lieu du champagne. Hey le boyscout, je ne suis pas ta nénette moi, je prends ce dont j'ai envie et non pour te faire plaisir.

Mais comment se sortir de là quand la soirée vient juste de commencer? J'ai appris les bonnes manières, regarder sa montre toutes les 5 minutes ou encore texter sans arrêt quand quelqu'un te parle, non. Fallait que je me sorte de là autrement. Je priais l'univers pour qu'une idée de génie vienne m'envahir.

Un moment donné, il s'est même mis à me raconter l'histoire complète de où et du comment il avait dénichée la perle rare (son char) avec un deal de la mort. Je baillais aux corneilles dans ma tête. Pour une fois dans ma vie, j'étais heureuse d'être une pipi-minute, car je m'évadais aux toilettes assez souvent. De son côté, ça lui donnait le temps pour se trouver d'autres histoires plates à me raconter.

Finalement, aux grands maux les grands moyens. Une fois éclipsée à la salle de bain, j'ai téléphoné à mon chum pour qu'il m'aide à me sortir de là. Il devait m'appeler d'ici 15 minutes pour improviser un scénario catastrophe. C'était parfait. Les quinze minutes les plus longues de ma vie. J'en tapais du pied. J'en tapais du doigt sur la table.

Et est arrivée la question qui tue : Coudons Karine, je t'emmerde ou quoi?!

VDLD. J'ai dû mal jouer mon jeu. Étant pas mal transparente, mon body language a dû paraître. J'ai probablement tourné de l'oeil plus d'une fois. Fuck, pense vite la grande, tu réponds quoi?!

Scénario 1 : " Écoute, non non. Je suis fatiguée, tsé je dors peu avec le petit!"

Là, si je lui dit ça, je lui mens.

Scénario 2 : " Tsé moi les histoires de char pis de blanchiment de dents, bof!"

Pas certaine que ça passerait bien ça.

Scénario 3 : " Un peu hahahaha! Je blague là, non mais le domaine des voitures et de l'informatique, ça a tendance à me déprimer un peu, j'y connais rien."

Ça, ça pourrait peut-être mieux passer.

DRINGGGGGGGGG!

Enfin, putain!!

"Allo, oui chéri! QUOI? NON? ES-TU SÉRIEUX?! Tu as vraiment besoin de moi là?! Ok, je rentre, je tente de faire vite".

Désolée mon cher, mais je dois y aller. Mon fils est en pleure depuis une heure et je ne te l'avais pas dit - parce que criss j'ai pas eu le temps de placer un mot - mais il fait de la fièvre.

Ok bye.

Vous auriez fait quoi vous? Revoir un ancien copinou-ami du secondaire qu'on trouvait gentil et l'fun à l'époque et là, avoir devant vous un hurluberlu perché dans ses hauteurs à vous raconter sa vie plate?! Ça vous est déjà arrivé? J'en reviens pas, j'ai utilisé mon pauvre fils dans mon scénario je dois rapidement crisser mon camp de là.

Finalement, c'était peut-être moi la plate aussi. Entoucas, ce soir là, j'ai jamais été autant heureuse à prendre le métro et le bus pour revenir à la maison :)







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