mercredi 26 mars 2014

Monsieur, madame Picsou


Avares et probablement malheureux, ils sont presque malades à l’idée de dépenser le moindre centime. Je ne parle pas de ceux qui vivent tout en économisant, je parle de ceux qui sont déjà morts et qui économisent leur vie. 

On en connaît tous dans notre entourage, non?! Il y a aussi les couples de Picsous, ils sont beaux à voir ceux-là. Ils vielleront ensemble, même s’il n’y a plus d’amour, seulement parce que l’un a beaucoup de REER et que l’autre a des placements un peu partout. Autour de la table, le soir, ils parlent d’argent et encore d’argent. Les autres sujets sont pour les êtres frivoles. Non! Eux, ils pensent à leur retraite, à l’accumulation des zéros, aux dépenses qu’ils ne feront pas pour que la somme soit plus mirobolante. Leur cerveau cherche toujours la meilleure façon de ne pas flamber. Devoir acheter un cadeau à quelqu’un, ça devient une torture. Ils partent à la recherche des soldes et sont prêts à virer le monde à l’envers pour ça. Ça peut même leur prendre plusieurs aller-retours avant de se décider à acheter. Une fois l’achat en main, ils regrettent, car ils auraient pu trouver un meilleur deal. Ils n’en dormiront pas.

Les si peu de fois où ils vont au restaurant, ils n’attendent qu’une chose : la facture. Ça les ronge de l’intérieur. « Combien ça va me coûter ? » Pour ce qui est du goût et des découvertes, on repassera. On ne veut pas que ça dépasse ce que l’on a dans le portefeuille. Il ne faudrait pas utiliser la carte, il y a des frais. On préfère souvent aller au même endroit, surtout quand on sait qu’on ne cassera pas la tirelire.

Prisonniers de leur compte en banque plein à craquer, les Picsous sont peureux à l’idée d’une petite folie. Triste de croire que le bien-être réside dans l’avoir monétaire. Le pire c’est qu’ils ont le pactole, mais qu’ils ne le dépenseront jamais. Ils vont mourir riches. Ils vont apporter leur argent en terre sans ne s’être jamais gâté ou avoir profité de petites envolées. Non, car ceux qui se gâtent souffrent de frénésie. Les coups de tête, ils ne connaissent pas ça. Quand ils s’achètent quelque chose, c’est mûrement réfléchi, tellement qu’il n’y a plus de satisfaction à se le procurer.

Ils aiment cumuler et voir chaque mois la somme rondelette qui s’affiche au livret. Ils pensent vivre à l’abri de tout, parce qu’ils ont de l’argent plein leurs poches. Ils sont protégés de tout ce qui pourrait arriver dans le futur. Le futur, là où ils vivent. « Au cas où j’en manquerais… ». Pis quand ils tombent malades, ils ne se rendent parfois même pas compte que l’argent ne fait pas le bonheur. Les picsous se lamentent inlassablement qu’ils n’ont pas d’argent, parce que leur astuce est de ne sortir que le strict nécessaire pour passer leur petite semaine. Le reste, ils le placent dans le compte épargne et ça se tasse, les dizaines sont nombreuses, les yeux sont lumineux, le magot grossit et ça réconforte les intérieurs vides.

Ils sont tellement coincés dans leur idée préconçue que d’avoir du fric, ça donne des ailes. Ils se croient vivants plus les billets s'empilent. Ces gens-là ne vivent pas, ils meurent à chaque paye.

1 commentaire:

  1. Ouain, c'est dans toute les familles. Michel et moi avons décidé qu'on pouvait faire les deux : économiser, mais en profiter également. Plusieurs petits comptes de banque qui ont leur propre usage : hypothèque (maison et rénovation), conjoint (épicerie, hydro, etc.), personnel (on fait se qu'on veut avec), épargne (REER, placements, etc). Le compte le plus important : le compte voyage. L'année dernière pour les 50 ans de Michel, on est allée en croisière en Scandinavie... wow! Ça m'a fait réaliser que des gro$ voyage de même, il faut les faire quand on travail et que le compte voyage et d'épargne peut encore se renflouer parce qu'on a encore un plein revenu qui rentre. Nos paies sont divisés dans tous ces petits comptes, et non seulement je n'ai pas de problème à dépenser l'argent de celui qui est fait pour ça, mais j'aime également voir les autres s'accumuler.

    RépondreEffacer