mardi 22 avril 2014

Il y a des jours comme ça


Où l’on n’a envie de rien faire. On flâne en mou. On sent le désert en nous. Le vide, si immense, nous rend esclaves du lit. On arpente la maison à pas de mort-vivant. Le teint pâle de notre visage se confond aux murs blancs. Le mal de vivre nous empoigne et nous tue avec une arête tranchante, de l’éclat de verre nous pique le cœur. S’abreuver nous demande autant d’effort qu’une déambulation vers une oasis dans le Sahara.

On fixe la vie, on visite la lune et l’on voudrait ne jamais en partir, le ciel paraît gris même si le soleil est jaune comme le cœur d’une marguerite. Rien ne goûte bon, pas même le plus tendre des baisers. Le miroir nous renvoie le creux de nos rides, les cicatrices du passé. Un mal de cœur qui s’installe et qui ne veut pas nous quitter. On mange sur le bout des lèvres et tout est mauvais, même l’eau a le goût du désespoir. « La tour Eiffel a froid aux pieds ». On a peur qu’un cadeau nous explose à la gueule, on a peur d’être malade, on se demande ce qui se passe, qu’est-ce qui nous arrive. Notre ventre crie à l’aide, notre foie, notre estomac se tortillent, nos yeux sont petits et n’arrivent plus à rien voir. Les lunettes de la vie sont embuées. Une part manquante en nous s’est installée.

On se sent petit, même si on est grand. On marche à reculons, on avance en se traînant les pieds. L’envie de se droguer est là, même si on est sobre. À la télé, rien pour toi. À la radio, Creep de Radiohead te donne envie de t’enfermer au cachot. Le démon avait faim, il a mangé tes entrailles. Le feu brûle dans ta tête, t’a comme l’impression que ça va durer toujours. Les ténèbres te rongent, c’est probablement la fin des temps.

Il y a des jours comme ça… Là où même l’éclosion d’une fleur te rend de glace. Des jours comme ça où même les oiseaux qui chantonnent sont devenus les oiseaux de ta proie. Un éclair fulminant t’arrache presque à la vie. Le vent s’engouffre dans tes poumons. Notre souffle devient froid comme un glacier.

Ta vie est devenue un tourbillon géant, dans tes veines coule du goudron. La fraise goûte la merde. Le vin à la robe sublime goûte le sang. Ce jour de 24 heures t’a paru durer un siècle. Il s’est allongé sur le divan et n’a pas voulu bouger. Tu as ressenti une grosse tempête en toi, c’était pas ta journée. Tu t’es senti paralysé de la tête aux pieds.

Et puis finalement, le lendemain, le soleil est ardent. La pluie, fine. Le vent, doux. Les nuages, ouateux. T’as le goût d’un shortcake aux fraises. La tour Eiffel n’a plus froid aux pieds. À la radio :

« C'est le début d'un temps nouveau
Nous voilà devenus des oiseaux
Dans les cumulus du temps beau
Ceux du ciel et du cerveau
Les couleurs se mêlent sur la peau
C'est le début d'un temps nouveau »

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