Où l’on n’a envie de rien faire. On flâne en
mou. On sent le désert en nous. Le vide, si immense, nous rend esclaves du lit.
On arpente la maison à pas de mort-vivant. Le teint pâle de notre visage se
confond aux murs blancs. Le mal de vivre nous empoigne et nous tue avec une
arête tranchante, de l’éclat de verre nous pique le cœur. S’abreuver nous
demande autant d’effort qu’une déambulation vers une oasis dans le Sahara.
On fixe la vie, on visite la lune et l’on
voudrait ne jamais en partir, le ciel paraît gris même si le soleil est jaune
comme le cœur d’une marguerite. Rien ne goûte bon, pas même le plus tendre des
baisers. Le miroir nous renvoie le creux de nos rides, les cicatrices du passé.
Un mal de cœur qui s’installe et qui ne veut pas nous quitter. On mange sur le
bout des lèvres et tout est mauvais, même l’eau a le goût du désespoir.
« La tour Eiffel a froid aux pieds ». On a peur qu’un cadeau nous
explose à la gueule, on a peur d’être malade, on se demande ce qui se passe,
qu’est-ce qui nous arrive. Notre ventre crie à l’aide, notre foie, notre
estomac se tortillent, nos yeux sont petits et n’arrivent plus à rien voir. Les
lunettes de la vie sont embuées. Une part manquante en nous s’est
installée.
On se sent petit, même si on est grand. On
marche à reculons, on avance en se traînant les pieds. L’envie de se droguer
est là, même si on est sobre. À la télé, rien pour toi. À la radio, Creep de Radiohead te donne envie de t’enfermer
au cachot. Le démon avait faim, il a mangé tes entrailles. Le feu brûle dans ta
tête, t’a comme l’impression que ça va durer toujours. Les ténèbres te rongent,
c’est probablement la fin des temps.
Il y a des jours comme ça… Là où même
l’éclosion d’une fleur te rend de glace. Des jours comme ça où même les oiseaux
qui chantonnent sont devenus les oiseaux de ta proie. Un éclair fulminant
t’arrache presque à la vie. Le vent s’engouffre dans tes poumons. Notre souffle
devient froid comme un glacier.
Ta vie est devenue un tourbillon géant, dans
tes veines coule du goudron. La fraise goûte la merde. Le vin à la robe sublime
goûte le sang. Ce jour de 24 heures t’a paru durer un siècle. Il s’est allongé
sur le divan et n’a pas voulu bouger. Tu as ressenti une grosse tempête en toi,
c’était pas ta journée. Tu t’es senti paralysé de la tête aux pieds.
Et puis finalement, le lendemain, le soleil
est ardent. La pluie, fine. Le vent, doux. Les nuages, ouateux. T’as le goût
d’un shortcake aux fraises. La tour Eiffel n’a plus froid aux pieds. À la
radio :
« C'est le début d'un temps nouveau
Nous voilà devenus des oiseaux
Dans les cumulus du temps beau
Ceux du ciel et du cerveau
Les couleurs se mêlent sur la peau
C'est
le début d'un temps nouveau »
Très beau, ton post. Le spleen façon Baudelaire.
RépondreEffacerC'est ok quand ça ne dure que 24h.
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