Samedi matin, il
pleut. Je me botte le derrière pour aller jogger. Une petite voix me dit de ne
pas y aller, je suis tentée de l’écouter. « Reste au chaud dans ton
sweatpant », « Fais des colles à ton fils et à ton chum »,
« Tu n’as pas dormi de la nuit, repose-toi dont ».
- Non, tu ne
m’auras!, lui rétorquais-je en silence.
Je pars. J’affronte
flaques d’eau et temps humide. Je me prends pour un marathonien kenyan qui
joggue sa vie pour aller chercher de l’eau au puit, pieds nus. Non, pas pieds
nus. Entre joggeurs, on se fait un salut d’honneur. Je boxe dans le vide.
J’affronte Mohammed Ali. Hop Hop Hop les pattes aux fesses, hop hop hop les
genoux qui te r’volent quasiment dans le menton.
Entre deux
enjambées, je pense à mon prochain sujet de blog. Que vais-je offrir à mes
lecteurs dans le prochain billet. Et c’est à ce moment, après avoir avalé ben
de la pluie, troqué mon brushing de la veille pour une mop su’a tête, que mon
sujet m’a sauté en plein visage comme une boîte à surprise. Sur le chemin du
retour, à quelques déhanchements de la maison, j’ai ressenti la tentation de
faire très mal à une vieille cinglée qui m’a sorti abruptement de ma vie de GI.
Je traversais aux pas de course une lumière piéton, quand elle se pointe derrière
moi (à genre 30 cm) avec son bazou et se met à klaxonner pour tourner à gauche.
Premièrement, j’ai fait un méchant saut. Elle m’a ramené à la réalité un peu
trop brusquement quittant ainsi Matthew Bellamy et son terrible Survival. Deuxièmement, je m’arrête et la regarde.
Elle ose s’agiter les plumeaux et me faire des sparages de vieille folle
enragée. Ah ben cr…
Et c’est alors que
j’ai éprouvé la très forte tentation de varger dans sa vitre, ouvrir sa porte, la pogner par le
collet et lui éclater la mâchoire sur le trottoir comme dans American History
X. Ça va t’apprendre ma BIP
de me faire peur de même et d’être impolie avec moi, gentille et courageuse
joggeuse.
Sujet trouvé :
La tentation. Vous arrive-t-il de vous dire des choses ignobles dans votre tête
ou d’avoir envie de tenter le Diable?! Et bien moi oui, je ne vous dirai pas
tout ce qui me passe par la fusette, mais avec ma très grande imagination et
mon sens artistique, je pourrais en effrayer plusieurs.
Par ailleurs, j’ai
cru bon m’arrêter un instant sur la sensation montée dans mes veines lorsque
j’ai vu cette gente dame m’invectiver. Pourquoi ça m’a autant frustré, pourquoi
ai-je eu envie de lui briser son char à coups de pieds. D’où me vient cette
agressivité? C’est pas fou de se le demander parfois. On reparlera de ces
ombres qui nous habitent.
Tout ça pour dire
que la tentation, elle est là, elle est partout, elle est prenante, elle nous
menace, elle est parfois très négative et exécrable. Elle flirt dans toutes les
sphères de nos vies : envie de se sacrer les mains s’ul poêle, envie de
sauter en-bas d’une calanque trop haute, envie d’embrasser une fille à la job,
envie d’aller prendre un drink avec le gars aux yeux perçants qui prend le bus
avec nous, envie de donner une volée au mongol qui met pas son clignotant, etc.
La tentation est à tous les niveaux de nos vies. L’obsession de la tentation.
Nous avons tous été tentés un jour par quoi que ce soit, et je dirais même
qu’on est tenté pratiquement tous les jours. Je suis peut-être la seule et à ce
moment-ci vous me traiter de folle. Bon.
Non, pas vous?
Tentés par la déchéance originelle, tentés par une grosse poutine extra fromage
quand on est au régime, tentés par une rage de sucre quand on tente d’en manger
moins, tentés par le célibat quand on est en couple, … Ça gronde en dedans,
comme le tonnerre, ça nous titille, nous écorche à vif. La tentation d’une
nouvelle drogue, d’un péché qui ne se dit pas, tentés de se défouler sur un
type qui nous énerve, tentés de noyer sa peine, tenter de se suicider… Tentés
d’écraser un vieux bouc qui prend 30 ans à traverser la rue, tentés de concocter
de bonnes boulettes empoisonnées au &?$#@$?*! chien du voisin qui jappe trop fort, tentés de
péter la gueule à un flic qui nous arrête, tentés d’ouvrir le journal intime à sa
copine, tentés de dire à sa femme qu’on aimerait qu’elle soit plus chaude à
l’idée de faire l’amour plus souvent, tentés de s’envoyer en l’air… en
parachute, tentés d’assouvir toutes les obsessions qui nous perturbent, nous
habitent, nous nourries.
J’en vois déjà se
tourner les yeux dans la tête et se dire : Pfffff moi j’en ai pas de
tentations. Right. Bien sûr. Vous êtes déjà tentés de vous mentir à vous-mêmes.
Sur ce, on dit merci
à cette inconnue, laite comme les 7 péchés capitaux, qui s’est permis de me
donner un char de marde derrière sa vitre montée. Ahhhhh heureusement qu’on
n’assouvit pas toutes nos tentations, ce serait l’enfer. L’enfer sur terre.
Comme si nous ne vivions pas déjà en enfer. Nous sommes notre propre enfer.
Avertissement :
Ne pas tenter de vous coller la langue sur un poteau de métal l’hiver,
apparemment que ça fait très TRÈS mal hahaha!
Tentation du Diable
: Oui, colle-toi-la, allez, essaie, vas-y, ça ne collera pas.
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