Je le vois tous les matins depuis que mon
congé de maternité a commencé. Été comme hiver, en camisole ou emmitouflé sous
sa doudoune qui sent la cigarette, il se balade le cœur joyeux.
« Par
les sentiers, sous le ciel bleu
J'aime à me
promener
Le sac au dos, le
coeur joyeux
Je me mets à chanter
Valderi, valdera,
valderi, valdera,
Valdera, ha, ha,
ha, ha, ha,
Valderi,
valdera »
Ce promeneur qui se trimbale les espadrilles
près de chez-moi, il rote. L’hiver, son rot se change en stalactite. L’été, il
résonne sur les balcons, on s’en étouffe même avec notre sangria. Lui, il
continue sa marche.
« Et par les
bois et par les champs
Tous les oiseaux
jaseurs
Mêlant leurs
voix, mêlant leurs chants
Entonnent tous en
choeur. »
Son sourire, jamais il ne le perd. Il se
garde la bouche grande ouverte pour vous savez quoi. Il a peut-être de la
misère à digérer ses cretons du matin ou ses capsules d’ail Adrien Gagnon. Il
est gentil quoique un peu benêt, mais il avance et rote sa vie.
« Valderi,
valdera, valderi, valdera,
Valdera, ha, ha,
ha, ha, ha,
Valderi,
valdera »
Badaud qui entre ses dents jaunes rote et
fume, plaisamment. On a déjà échangé quelques mots : Il fait beau. Oui. De
la pluie demain. Ouais. Les oies sont arrivées. Han Han. Les oiseaux roucoulent.
C’est l’fun. On a partagé des lignes de trottoirs et des bancs de parc. J’ai
même déjà humé son haleine de roteux. On est presque des amis.
Et je
serai au long des jours
Avec la
même ardeur
Sous le
soleil, errant toujours
Un
joyeux promeneur
Valderi,
valdera...
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